Un anti-inflammatoire réduirait le risque d’infarctus et de cancer du poumon
Pendant des années, la théorie du rôle de l’inflammation dans l’athérosclérose et la rupture de la plaque d’athérome avec la survenue d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC) a été soutenue par de nombreux scientifiques. Une étude qui vient de paraître montre que le Canakinumab, un anticorps monoclonal aux propriétés anti-inflammatoires, réduit le risque de récidive d’infarctus mais aussi de cancer du poumon.
Classiquement, les patients qui ont des taux élevés de cholestérol sont traités par des statines pour faire baisser son niveau et ainsi réduire le risque cardiovasculaire de ces patients.
Des anti-inflammatoires pour prévenir l’infarctus
Mais partant du fait que l’inflammation joue un rôle important dans la stabilité de la plaque d’athérome, des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’aspirine à petites doses sont prescrits de longue date.
Un anticorps monoclonal réduit les risques de récidive d’infarctus
Le canakinumab (Ilaris®) un anticorps monoclonal contre l’interleukinne-1β, indiqué dans le traitement de l’arthrite juvénile idiopathique systémique et l’arthrite goutteuse, entre autres, possède des effets immunomodulateurs mais aussi anti-inflammatoires (du fait de son action de diminution de l’interleukine-1β, qui a des effets inflammatoires).
Une étude sur plus de 10 000 patients à risque
L’étude, publiée dans la revue New England Journal of Medicine, précise que plus de 10 000 patients ont été inclus dans cette étude observationnelle et suivis pendant plusieurs années (3,5 en moyenne). Tous les patients avaient eu un infarctus du myocarde et présentaient de multiples facteurs de risque de récidive, incluant des taux élevés de protéine C réactive (CPR), une substance pro-inflammatoire non spécifique. L’étude, baptisée CANTOS (canakinumab antiinflammatory thrombosis outcome study) a commencée avec trois groupes de patients recevant respectivement 150 mg ou 300 mg du médicament, soit du placebo (substance sans activité thérapeutique). Puis, un troisième groupe de patients recevant 50 mg a été ajouté à la demande des autorités de régulation.
Des résultats plutôt modestes et un prix très élevé
Les patients ayant reçu du placebo ont eu un risque de 4,5 % de faire un deuxième évènement cardiovasculaire, contre 3,86 % chez ceux recevant la dose intermédiaire du médicament. ce qui représente une différence de seulement 15 % du niveau de risque. Après 3,5 ans de suivi, 535 des 3344 patients sous placebo ont eu un deuxième évènement cardiovasculaire, comparativement à 642 des 4547 patients recevant des doses intermédiaires ou élevées du médicament.
Pour le Dr Paul Ridker, auteur principal de l’étude, "bien que modestes, ces résultats sont enthousiasmants car cela nous montre bien que l’inflammation et très probablement l’immunité jouent un rôle important dans l’athérosclérose".
Un bémol : le coût du traitement, qui est de 200 000 dollars par an aux Etats-Unis.
Une réduction des cancers du poumon
Parallèlement à ces résultats, les chercheurs notent que près de 2 % des patients du groupe placebo ont développé un cancer du poumon durant l’étude, comparativement à 1 % dans le groupe recevant le canakinumab.