Cancer de la prostate : faut-il s’inquiéter d’une augmentation chez les jeunes ?
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme de plus de 50 ans. Une étude récente, publié dans la revue américaine Cancer, s’inquiète de l’augmentation du cancer de la prostate chez les plus jeunes.
Des cancers plus précoces et plus graves
Le Dr Archie Bleyer a publié en novembre 2019, une étude1 à partir de données épidémiologiques du cancer de la prostate aux États-Unis et dans le monde. L’étude montre une augmentation du nombre cancer de la prostate dans toutes les tranches d’âges, mais de façon plus préoccupante, une augmentation significative de l’incidence (nombre de nouveaux cas) de cancer de la prostate dès l’âge de 17 ans.
Les données auxquelles ont eu accès les auteurs, montrent aussi que les cancers survenant chez les plus jeunes sont aussi plus graves. Le stade métastatique est 6 fois plus fréquent chez les jeunes que chez les hommes de plus de 41 ans. Le taux de survie à 5 ans des plus jeunes seraient lui moins important. Une augmentation qui inquiète, mais il faut rappeler que les plus jeunes restent encore peu concerné par le cancer de la prostate, puisque la grande majorité des nouveaux cas concerne les hommes de plus de 50 ans. De plus, cette augmentation de l’incidence ne s’accompagne pas d’une augmentation du taux de mortalité, qui est resté stable ou a diminué.
Des résultats à relativiser
En France, les données de l’Institut National du Cancer sont plutôt rassurantes. En effet, dans son dernier rapport sur l’incidence et la mortalité par cancer en France2, "l’incidence du cancer de la prostate (25 % des cancers masculins) a subi une forte augmentation jusqu’en 2005, puis a rapidement diminué".
Comment expliquer cette différence ? Les auteurs de l’étude ciblent principalement le test utilisé pour le dépistage du cancer de la prostate : le dosage du PSA (Prostate Specific Antigen ou antigène spécifique de la prostate). En effet, aux États-Unis, 2% des hommes âgés entre 30 et 39 ans et 5 à 6% des hommes entre 40 et 49 ans, détenteur d’une mutuelle ont bénéficié d’un dosage du PSA. Ce dosage réalisé en dehors de toute recommandation, a pu augmenter de façon importante le taux de cancer de la prostate et donc de surdiagnostic.
Le PSA, responsable du surdiagnostic ?
On parle de surdiagnostic lorsqu’un cancer est présent mais n’aurait jamais été symptomatique. Exposant donc à des traitements, parfois important, qui n’auraient pas été nécessaire, on parle alors de surtraitement. Le cancer de la prostate, est un cancer à l’évolution souvent lente qui est donc exposé au surdiagnostic, au même titre que le cancer du sein. C’est pourquoi l’Institut National du Cancer3 a travaillé avec le Collège de Médecine Générale, à l’élaboration de recommandations visant à diminuer la prescription de ce test de dépistage. Cette baisse de prescription du PSA peut expliquer la très forte diminution de l’incidence du cancer de la prostate en France, comme l’explique l’INCA. Des résultats rassurants, qui s’accompagnent d’une baisse de la mortalité.
Les recommandations sont aujourd’hui claires pour le test de dépistage. L’Association Française d’Urologie4 (AFU), contre le dépistage de masse, préconise en accord avec le patient un dosage du PSA systématiquement associé au toucher rectal à partir de 45 ans pour les patients à risque : les hommes à partir de 50 ans, et les hommes origines afro-antillaises ou avec des antécédents familiaux de cancer de la prostate. Pour l’AFU, le dosage du PSA reste un élément essentiel dans le dépistage.
D’autres éléments en causes
Selon les auteurs de l’étude, le dosage "inapproprié" du PSA ne peut pas être le seul responsable de cette augmentation du nombre de cancer de la prostate. Les causes précises ne sont pas connues, mais des facteurs de risques sont cependant évoqués, comme l’obésité, l’absence d’activité physique, l’infection par le papillomavirus ou l’exposition de plus en plus importante à des substances carcinogènes.