Diagnostic du cancer de la prostate : l’IRM pourrait permettre d’éviter la biopsie
Une étude australienne démontre l’intérêt de l’utilisation de l’IRM en première intention pour diagnostiquer le cancer de la prostate. Un examen qui permettrait de réduire le nombre de biopsies, invasives et coûteuses.
Actuellement, en France, le diagnostic du cancer de la prostate repose sur une biopsie, pour rechercher la présence de cellules cancéreuses, et au moins un examen d’imagerie, notamment l’IRM qui permet d’obtenir une “cartographie précise” des foyers tumoraux (détection, localisation, estimation du volume)1. Mais selon une étude australienne parue le 6 octobre dans la revue BJU International, l’utilisation de l’IRM en première intention permettrait d’éviter la biopsie, invasive et coûteuse.
L’IRM multiparamétrique pour réduire le nombre de biopsies prostatiques
Les scientifiques ont souhaité évaluer l’impact de l’introduction de l’IRM multiparamétrique dans le cadre du diagnostic du cancer de la prostate en Australie. Ce type d’IRM qui permet une meilleure détection des foyers tumoraux de petite taille a en effet été introduit dans le but de réduire le nombre de biopsies prostatiques réalisées dans le pays, celles-ci consistant à prélever des fragments prostatiques en introduisant une fine aiguille dans la prostate via le rectum. Ils ont ainsi analysé des données divisées en trois périodes basées sur la disponibilité de l’IRM multiparamétrique auprès du grand public : entre 2007 et 2012 (pas d’IRM multiparamétrique disponible), entre 2012 et 2018 (examen disponible mais financé par le secteur privé) et entre 2018 et 2019 (examen disponible et financé par Medicare, le système d’assurance santé australien).
Selon les chercheurs, l’introduction de l’IRM multiparamétrique en 2012 “coïncidait avec une réduction du nombre de biopsies prostatiques”, en moyenne 355 de moins par mois. Cela suggère que l’IRM multiparamétrique est suffisante à elle seule pour diagnostiquer le cancer de la prostate. Par ailleurs, l’économie annuelle réalisée grâce à cela a été estimée à 13,2 millions de dollars, soit un peu plus de 8 millions d’euros.
“Nos travaux montrent que l’IRM de la prostate financée par l’Etat représente non seulement une bonne pratique en termes d’équité en santé, mais est également pertinente d’un point de vue financier”, affirme le directeur de l’étude Thomas Whish-Wilson.
L’IRM, la solution au risque de surdiagnostic et de surtraitement ?
Si le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes, l’intérêt de son dépistage n’est pas démontré : le toucher rectal et le dosage du PSA ne sont pas des examens assez fiables pour le détecter. Par ailleurs, près de la moitié des cancers de la prostate qui sont dépistés évoluent très lentement et ne nécessitent pas de traitement, mais aucun outil ne permet aujourd’hui de les distinguer des cas les plus agressifs : il existe donc un risque de surdiagnostic et de surtraitement. Néanmoins, selon certaines études, l’IRM, plus efficace et précise que la biopsie, permettrait d’éviter ce risque.