Cancer de la prostate : quel est le rôle de l'alimentation ?
Les nutritionnistes vous le diront, les secrets d'une bonne santé se trouvent souvent dans notre assiette. La proportion plus importante des hommes touchés par le cancer de la prostate dans les pays occidentaux a permis d'identifier les aliments "à risque". Doctissimo passe en revue les dernières études sur le sujet.
Dès le début des années 1990, plusieurs études épidémiologiques 1,2,3 ont souligné la mauvaise influence de certaines habitudes alimentaires. Un régime alimentaire contenant trop de matières grasses pourrait ainsi favoriser la survenue de cancer de la prostate. Au banc des accusés, les graisses animales seraient les plus néfastes.
Des fruits et des légumes pour protéger sa prostate
Une équipe de chercheurs Montréalais de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS)4 a observé les données d'une enquête menée à Montréal entre 2005 et 2012 auprès d'environ 4000 hommes. Les volontaires ont répondu au sujet de leurs habitudes alimentaires, et les auteurs de l'étude ont ainsi pu faire trois catégories :
- Une alimentation avec une forte consommation de fruits, de légumes et de protéines végétales ;
- Une alimentation occidentale salée et alcoolisée avec viandes, bière et vin ;
- Une alimentation occidentale avec une forte consommation de pâtes, pizzas, desserts sucrés et boissons gazeuses.
Bilan : le régime alimentaire riche en fruits et légumes a été associé à une diminution du risque de cancer de la prostate, apprend-on dans le Huffpost canadien. L'alimentation avec sucreries et boissons était associée à un risque supérieur et semblait favoriser la survenue de cancers plus agressifs.
Cependant, il semble que les analyses du régime salé et alcoolisé n'ont pas montré d'association claire avec une diminution ou une augmentation du risque de cancer de la prostate.
Par ailleurs les scientifiques ont pointé du doigt les aliments transformés. "Je crois que (le risque plus élevé de cancer) peut être lié au niveau de la transformation des aliments, a dit Dr. Karine Trudeau, première auteure de l'étude. Des aliments plus transformés vont avoir plus de molécules qui peuvent être néfastes pour la santé".
Alimentation : préférez le poisson à la viande
Les hommes qui ne mangent pas de poisson auraient deux à trois fois plus de risque de cancer de la prostate que ceux qui en consomment modérément ou en grande quantité. Telle est l'étonnante conclusion d'une étude suédoise parue dans la prestigieuse revue médicale The Lancet 5. Le salut viendrait-il de la mer ? Plus particulièrement des poissons gras comme le maquereau, la sardine, le saumon ou encore le thon.
L'enquête a porté sur 6 272 Suédois suivis pendant 30 ans. Durant cette période, 466 cancers de la prostate ont été diagnostiqués.
Après avoir passé en revue les habitudes alimentaires et d'hygiène de vie des patients, il apparaît qu'une consommation même modérée de poisson gras (deux à trois fois par semaine) aurait des propriétés protectrices vis-à-vis de ce type de cancer. À l'origine de ce phénomène, on a suspecté les acides gras à longue chaîne 6, aux propriétés anti-inflammatoires et anti-tumorales. Mais le faible nombre de cancers recensés dans cette étude ne permet cependant pas d'apporter une conclusion définitive.
Graines de lin, des alliés santé ?
On avait également suspecté un effet protecteur lié à la consommation de bêta-carotènes présent dans les légumes verts, les carottes et du lycopène, un caroténoïde principalement contenu dans les tomates, les pastèques, les raisins et les crustacés. Mais en étudiant 317 cas de cancer de la prostate, des chercheurs néo-zélandais 7 concluent à l'absence d'effet des premiers et à une faible protection liée au lycopène des aliments à base de tomates.
Dernier lien entre cancer de la prostate et alimentation, une étude américaine 8 conclue que les graines de lin pourraient ralentir la progression du cancer de la prostate. Outre leur teneur en acides gras bénéfiques de la famille Omega 3, ces aliments seraient capables de diminuer le taux de testostérone dans le sang. Cette hormone masculine est soupçonnée d'accélérer la progression du cancer de la prostate. Cependant, cette recherche ne portait que sur 25 volontaires et d'autres études devront confirmer cette action.
Enfin, une récente étude suggère qu'un régime riche en calcium augmente le risque de cancer de la prostate. Mais ce dernier lien apparaît encore aujourd'hui très controversé.