Implants mammaires et cancer : 29 cas de lymphomes recensés
Vingt-neuf cas d'une forme très rare de cancer, des lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC), ont été recensés parmi les femmes porteuses d'implants mammaires, entre 2011 et juin 2016. Face à la confirmation de ce sur-risque de ce cancer rare lié aux prothèses, les autorités sanitaires préconisent un suivi régulier, même en l'absence de symptôme particulier et une information préalable systématique des femmes sur ce danger qui reste néanmoins très faible au regard du nombre d'implants réalisés chaque année.
Implants mammaires et cancer : 29 cas d'un cancer rare recensés
Début 2015, un groupe d'experts réunis par l'Institut National du Cancer (INCa) a conclu qu'il existe un lien clairement établi entre la survenue de ce lymphome et le port d'un implant mammaire. L'agence du médicament et l'INCa investiguent depuis les causes possibles de cette pathologie.
Selon le dernier bilan de l'ANSM publié le 6 juillet, 29 cas de ce cancer rare ont été diagnostiqués en France. "Les implants texturés de la marque Allergan sont actuellement surreprésentés" parmi ces cas. "Cette surreprésentation numérique est également constatée dans les cas de LAGC-AIM (associés à un implant) rapportés dans le monde", ajoute mercredi l'agence sanitaire. La nature de l'enveloppe des prothèses mammaires est lisse ou "texturée" (surface rugueuse).
Le bilan précédent de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), rendu public début octobre 2015, faisait état de 22 cas de ces lymphomes LAGC-AIM dont 2 décès sur la période 2001 à juillet 2015. "Aucun nouveau décès n'a été enregistré depuis" ce précédent bilan, indique à l'AFP l'agence sanitaire.
Un risque rare, pas d'explantation préventive recommandée
Cette pathologie reste rare comparée au nombre d'implants mammaires posés chaque année (quelque 400.000 implants vendus en France entre 2007 et 2014), rappelle l'ANSM ajoutant que "l'augmentation des LAGC est régulière en France".
L'ANSM "rappelle par précaution la nécessité d'informer les patientes" sur l'existence du risque, extrêmement faible, selon l'Institut National du Cancer (INCa) de développer cette forme rare de lymphome. Les chirurgiens ont l'obligation d'apporter une "information complète" aux femmes concernées, que la pose d'un implant concerne une reconstruction mammaire (après mastectomie pour cause de cancer du sein) ou relève de l'esthétique. Une même femme peut avoir porté des prothèses mammaires de plusieurs marques.
L'INCa a souligné l'an dernier l'importance d'un suivi régulier, même en l'absence de symptôme particulier, afin notamment de vérifier que l'implant ne se dégrade pas. Il ne recommande pas le retrait (explantation) préventif vis-à-vis du risque de cette forme de cancer lymphatique, selon l'ANSM. Mais "il faut consulter en cas d'épanchement abondant, d'augmentation de volume, de douleur, d'inflammation, de masse, d'ulcération (lésion de la peau) au niveau du sein" ainsi qu'en cas de "toute autre anomalie évoquant une complication liée à l'implant".
Aucun des fabricants n'a apporté la biocompatibilité de ses implants à surface texturée
Par ailleurs, l'ANSM indique qu'"aucun des fabricants n'a apporté la preuve de la biocompatibilité de ses implants mammaires à surface texturée" et que leur documentation technique est "insuffisante". Chacun de ces fabricants devra compléter, "sous 12 mois, leur démonstration de biocompatibilité", selon les normes en vigueur.