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  • Oui au dépistage national organisé du cancer du col de l'utérus !

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    Dépistage du cancer du col de l'utérus

    Après le “non“ au dépistage systématique du cancer de la prostate tonné par le Pr Paul Perrin, ancien chef de service d'urologie à Lyon, le Pr Xavier Carcopino, gynécologue-obstétrique à l'hôpital Nord-CHU Marseille, appelle de ses vœux à l'organisation d'un dépistage organisé du cancer du col de l'utérus.

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    Difficile d'y voir clair en matière de dépistage des cancers ! Réunis à une même conférence de presse en marge des Journées Internationales de Biologie qui ont lieu en ce moment à Paris, le Pr Perrin et  le Dr Carcopino ont une vision qui peut paraître, a priori, tout à fait opposée : alors que le premier soutient que le dépistage organisé entraînerait sans doute davantage de complications que de bénéfices (voir notre article), le second plaide pour son instauration afin d'augmenter le nombre de femmes dépistées.

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    En fait, cette opposition tient à la nature du cancer et des moyens dont on dispose pour prévenir son développement ou freiner son évolution. S'agissant du cancer de la prostate, son évolution imprévisible et l'absence d'outils pour déterminer s'il sera ou non agressif rendent son dépistage inintéressant d'un point de vue médico-économique à l'échelle d'une population. A l'inverse, l'évolution lente et prévisible du cancer du col de l'utérus, associée à l'existence d'un traitement à son stade précoce, en font une maladie qui mérite d'être dépistée, expliquent les spécialistes.

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    Des moyens de dépistage efficaces existent

    Deuxième cancer féminin, le cancer du col de l'utérus touche chaque année 3 000 nouvelles femmes et provoque plus de 1 000 décès. Une situation d'autant plus regrettable, estime le Dr Carcopino, que la France dispose d'un moyen de dépistage efficace : le frottis cervico-utérin.

    Entre 25 et 65 ans, il est conseillé aux femmes de procéder à un frottis tous les 3 ans, puis un tous les deux ans après 65 ans. Mais seules 57 % des 17,5 millions de femmes concernées procèdent effectivement au dépistage par frottis. Une majorité (51,6 %) ne se font jamais ou pas assez souvent dépistées, et, à l'inverse, 40,6 % le sont trop fréquemment (un frottis par an). Dans les deux cas, le dépistage n'est pas optimal, puisqu'il coûte cher à la collectivité ou ne permet pas de repérer plus de cancers du col, souligne le Dr Carcopino.

    Pour autant, le frottis n'est pas un outil infaillible. Il peut être faussement positif et conduire à des examens puis des traitements inutiles (conisation du col), lesquels vont exposer les femmes à un risque d'accouchement prématuré lors d'une grossesse ultérieure ; il peut également être faussement négatif, et rassurer à tort des femmes pourtant atteintes d'un cancer du col utérin. Une étude avait montré que le taux de faux positifs s'élevait à 27 %.

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    Quant au test HPV, il n'est pas encore recommandé par la Haute Autorité de Santé, sauf dans une indication bien précise : la prise en charge des femmes dont le frottis est considéré comme douteux ou équivoque. Comme les autres outils de dépistage, ce test, qui consiste à rechercher les HPV oncogènes par des techniques de biologie moléculaire, a ses limites, qui dépendent de sa bonne connaissance par les médecins, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. La HAS est toutefois en train d'évaluer son efficacité et pourrait donner une recommandation en faveur d'une généralisation de ce test prochainement, confie Catherine Rumeau-Pichon, chef du service d'évaluation économique et de santé publique à la HAS.

    Le dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, seul moyen de faire progresser le dépistage

    Pour le Dr Carcopino, le seul moyen de faire progresser le dépistage est de mettre en place un dépistage organisé, systématique, des femmes ciblées. Et pas question d'invoquer le manque de médecins gynécologues-obstétriciens : “Le dépistage par frottis peut être assuré par le médecin traitant“, assure le gynécologue.

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    L'Angleterre l'a instauré dès 1988, via son programme NHS Cervical Screening. Depuis, la fréquence du cancer du col de l'utérus a été divisée par près de deux, passant de 15 cas pour 100 000 femmes en 1986 à 8,7 cas pour 100 000 femmes en 2005, grâce à une couverture de près de 80 ans des femmes cibles.

    Le vaccin anti-HPV, un outil complémentaire au dépistage

    Outre le dépistage, la France dispose également d'outils de prévention avec les vaccins anti-HPV. Dirigés contre les deux principaux types de papillomavirus impliqués dans les cancers du col de l'utérus, ils viennent en complément du frottis, en palliant les insuffisances de ce dernier. En se faisant vacciner avant leur entrée dans la vie sexuelle, les jeunes filles maximisent ainsi leurs chances de ne pas contracter d'infection par le HPV. Mais là encore, ces outils ont leurs limites, puisqu'ils ne préviennent “que“ 70 à 80 % des cancers du col. En outre, la couverture vaccinale est insuffisante, avec moins d'un tiers (29,9 %) des adolescentes vaccinées.

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    Pour le Dr Carcopino, les jeunes filles ont donc tout intérêt à se prémunir d'une infection par les HPV 16 et 18 en se faisant vacciner vers 11-13 ans, puis, dès lors qu'elles atteignent l'âge de 25 ans, à consulter leur gynécologue ou leur médecin généraliste tous les 3 ans afin de procéder à un frottis.

    Amélie Pelletier

    Source : Intervention du Dr Xavier Carcopino, praticien hospitalier universitaire, service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Nord-CHU Marseille, en marge des Journées Internationales de Biologie, 13-14-15 novembre 2013, Paris.


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