Plus d'infarctus pendant les fêtes. Nos conseils pour éviter le "syndrome du coeur des fêtes"
Excès d'alcool, de repas copieux, stress plus important... la période de Noël s'accompagne d'une augmentation du nombre d'accidents cardiovasculaire. Médecin urgentiste, le Dr Gérald Kierzek vous donne tous les conseils pour éviter le "syndrome du coeur des fêtes".
Au moment des fêtes de fin d’année, il n’est pas rare de boire plus que de raison. Mais cette consommation excessive d’alcool, en plus d’être néfaste pour la santé et risquée en cas de conduite, peut également provoquer ce que l’on appelle le syndrome du coeur des fêtes.
Qu’est-ce que le syndrome du coeur des fêtes ?
Le syndrome du coeur des fêtes arrive après une forte consommation d’alcool, généralement le lendemain. Cela provoque une forte arythmie cardiaque, appelée fibrillation atriale ou auriculaire. "On ressent alors des palpitations et des battements plus rapides de son coeur" confirme le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo. "La fibrillation auriculaire entraîne en plus un risque plus grand d’AVC, en moyenne un AVC sur quatre est lié à un épisode de fibrillation".
Un syndrome expliqué par l’inhibition d’une enzyme
D’après les résultats d’une étude menée en 2020, cela s’explique par le fait que l’éthanol inhibe le fonctionnement d’une enzyme, la protéine kinase C, qui participe à toutes sortes de fonctions physiologiques de la cellule cardiaque. Cela perturbe donc les échanges cellulaires et par la suite, la polarisation électrique des cellules du coeur et leurs battements. "C’est un effet qui a lieu dans les huit heures après la consommation d’alcool et disparaît dans les 24 heures" ajoute le médecin, qui met en garde les personnes sujettes à la fibrillation auriculaire. "Mieux vaut, pour elles, éviter l’alcool".
Comment surveiller sa fréquence cardiaque ?
Lors d’un épisode de fibrillation atriale, on a un pouls irrégulier, avec une sensation d’essouflement et un malaise général. "Mais il est possible aussi de faire des épisodes totalement asymptomatiques" prévient le médecin urgentiste.
Pour surveiller le nombre de battements de son coeur, il est alors possible de "s’équiper d’une montre connectée ou d’un Kardia, un capteur qui permet de réaliser, via une application, un électrocardiogramme (ECG) et donc de mesurer la fréquence cardiaque".
Les infarctus du myocarde en augmentation à la fin de l'année
En fin d’année, les décès par crise cardiaque ont tendance à être plus nombreux. Aux Etats-Unis, l’American Heart Association rappelle que plusieurs études ont confirmé cette augmentation. Elle invite le grand public à prendre soin de sa santé cardiovasculaire à l'approche des fêtes.
“Nous constatons chaque année, au cours des mois les plus froids, une augmentation d'environ 10% du taux d'accidents cardiovasculaires mortels. Mais aux alentours de Noël ou du Nouvel An, on observe une hausse supplémentaire de 5%”, rapporte Mich Elkind, responsable des sciences cliniques pour l'American Heart Association.
La vasoconstriction des artères, un phénomène accentué par le froid
"En hiver, le froid ambiant a tendance à engendrer une vasoconstriction des artères, notamment les artères coronaires du coeur" indique Gérald Kierzek. "Ce phénomène rétrécit le diamètre des vaisseaux".
Si l’on associe à cela une alimentation plus riche, plus salée, une consommation d’alcool plus importante et parfois un stress lié aux préparatifs, ce sont autant de facteurs de risques qui expliquent la majoration des infarctus du myocarde à ce moment précis de l’année.
De plus, les patients peuvent plus souvent retarder la consultation en période de fêtes, même en cas de gêne. En cas de signes d'alerte, il ne faut pas hésiter à consulter quel que soit le jour.
Des recommandations simples pour passer de bonnes fêtes
L’American Heart Association rappelle plusieurs règles simples à suivre pendant les fêtes :
- Connaître les symptômes et agir, en cas de malaise cardiaque chez un proche : rappelons que les hommes et les femmes n’ont pas forcément les mêmes symptômes lors d’un infarctus. Il est important de les reconnaître et d’appeler immédiatement le 15 ;
- Célébrer avec modération : les fêtes de fin d’année sont un moment de partage et de convivialité, souvent rythmé par des repas où la nourriture et l’alcool sont servis à profusion. Il faut plutôt manger le plus sainement possible à cette période, ce qui ne signifie pas se priver, mais équilibrer son assiette et boire avec modération, rappelle l'AHA ;
- Rester zen : si les préparatifs, notamment lorsqu’on reçoit chez soi, peuvent être source de stress, il faut apprendre à relativiser et éviter de s’agacer à la moindre contrariété ;
- Continuer à faire du sport : les recommandations en matière de sport restent les mêmes, que cela soit les vacances ou non. Il faut dans l’idéal réaliser 150 minutes d’activité physique par semaine ;
- Ne pas oublier son traitement et surveiller sa tension artérielle : si vous avez un traitement et notamment de la tension artérielle, il est important de la surveiller et de consulter un médecin en cas d’élévation trop importante.