Polyarthrite rhumatoïde : comment s’établit le diagnostic ?
Maladie auto-immune évolutive, la polyarthrite rhumatoïde se manifeste par des symptômes bien spécifiques. Comment s’établit le diagnostic ? Eclairages du Dr Slim Lassoued, médecin rhumatologue au CHU de Cahors.
Afin que la prise en charge soit optimale, il est important que le diagnostic soit posé dans les 3 à 6 mois après le début des premiers symptômes.
Les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde
Certains signes permettent de penser à une polyarthrite rhumatoïde :
- Des articulations gonflées, chaudes et douloureuses. Souvent plusieurs sont touchées en même temps (poignets, mains, doigts…) ;
- Une symétrie des atteintes articulaires (les deux poignets, les deux mains…) ;
- Un réveil en fin de nuit par des douleurs articulaires ;
- Une sensation d’engourdissement et de raideur des articulations pendant au moins 30 minutes le matin (notion de "dérouillage" nécessaire) ;
- Une sensation douloureuse au niveau de la pression de l’avant-pied ;
- Ces symptômes doivent être présents depuis plus de 6 semaines.
La concordance de ces symptômes peut faire penser à une polyarthrite rhumatoïde. Néanmoins, la symptomatologie de la polyarthrite rhumatoïde étant proche de celle d’autres pathologies, il convient de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une autre maladie telle que le lupus, la goutte, la spondylarthrite…
Poser le diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde
Pour confirmer le diagnostic, certains examens complémentaires sont souvent prescrits :
- Un bilan sanguin afin de rechercher les marqueurs de l’inflammation (vitesse de sédimentation, protéine C réactive…), voire la présence d’une anémie inflammatoire. L’examen sanguin permet la recherche d’anticorps pouvant signifier la présence d’une maladie auto-immune comme les anti-peptides cycliques citrulllinés (anticorps anti CCP), les anticorps anti-peptides citrullinés (ACPA) ainsi que le facteur rhumatoïde (protéine anormale ayant une activité d’auto-anticorps). Toutefois, la découverte de ce facteur ne suffit pas à confirmer à lui seul la présence d’une polyarthrite rhumatoïde. Par ailleurs, l’absence de ces anticorps ne permet pas non plus d’éliminer le diagnostic car la maladie peut être à un stade initial et le facteur rhumatoïde apparaît rarement au début de la maladie ;
- Une radiographie de la main, des poignets, des pieds, du thorax et des articulations concernées est parfois prescrite. Ces examens sont d’autant plus importants qu’ils permettent de prendre conscience du stade de la maladie ainsi que des éventuelles atteintes articulaires et osseuses. Au début de la maladie, les radios sont généralement normales, les lésions osseuses et articulaires apparaissant à un stade plus avancé. "Paradoxalement, le fait que ces radios soient normales dans 80 % des cas constitue donc un élément de diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde", note le Dr Slim Lassoued. Par la suite, l’imagerie permettra de suivre l’évolution de la maladie ;
- Une échographie des articulations, voire une IRM dans certains cas pour évaluer l’inflammation ou mettre en évidence des lésions du cartilage ;
- Un examen du liquide synovial dans certains cas. "Lorsqu’un genou est très gonflé, un prélèvement du liquide synovial peut être utile pour confirmer le diagnostic", explique le Dr Slim Lassoued.
L’ensemble de tous ces examens associé à l’interrogatoire du patient et à un examen approfondi va permettre d’établir le diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde.
Des outils pour suivre l’évolution de la maladie
La polyarthrite évolue par poussées et de manière imprévisible. Après une poussée durant laquelle les symptômes sont très pénibles, la maladie va s’estomper voire disparaître jusqu’à la prochaine poussée. Si elle n’est pas traitée, la maladie risque de s’étendre à d’autres articulations : hanche, coude, épaule… Les articulations peuvent se déformer et handicaper la vie quotidienne.
Deux systèmes de mesure permettent de suivre l’évolution de la maladie :
- Le score DAS (Disease Activity Score) 28 permet d’évaluer l’état de 28 articulations et de mesurer objectivement la progression de la maladie ou l’effet d’un traitement. "Si le score est supérieur à 3 ou 3,5, c’est le signe que la maladie est bien installée", estime le Dr Slim Lassoued.
- Le score HAQ (Health Assessment Questionnaire) est utilisé pour évaluer les répercussions de la maladie sur la vie quotidienne au cours des 8 derniers jours. Il évalue le degré d’incapacité fonctionnelle.
Rappelons que la polyarthrite rhumatoïde n’a pas chez tous les patients la même gravité : chez certains, elle n'entraînera aucune déformation ni handicap ; chez d’autres, des formes sévères avec atteintes de plusieurs articulations voire des atteintes extra-articulaires (syndrome de Goujerot-Sjögren, complications cardiaques, pulmonaires, oculaires…).