Morve jaune, verte, rose : que signifie la couleur de votre morve ?

Dorothée Louessard Journaliste

Qu'est-ce que la morve ? D'où vient-elle ?

La morve, ou plus exactement "le mucus nasal, est un liquide sécrété par les glandes mucipares de la muqueuse du nez", débute le docteur Erik Bernard. Du mucus est également présent à la surface de l’ensemble des voies respiratoires (nez, bouche, poumons).

Qu'est-ce que le mucus ? A quoi sert-il ?

Le mucus est "essentiellement constitué d’eau (environ 95 % de sa composition) et d’autres composants, notamment des sels et des protéines", rapporte le Dr. Bernard. Sa couleur est habituellement transparente et sa texture visqueuse. Ce mucus a plusieurs fonctions importantes notamment l'humidification, le réchauffement de l'air inspiré et la protection des voies respiratoires contre les microparticules présentes dans l'air ambiant (microbes, poussières, pollen, etc.).

En cas d’infection ou d’inflammation, notre corps produit davantage de mucus pour nous protéger. "Grâce à sa texture collante, il agit comme une barrière en piégeant et en neutralisant les virus, les bactéries ou autres particules indésirables", explique-t-il. Lorsqu’il est produit en quantité importante, le mucus nasal peut s’écouler par le nez ou dans l’arrière-gorge (écoulement postérieur). "Le mucus d’origine bronchique va remonter jusque dans la gorge grâce à des milliards de cils recouvrant la paroi bronchique. Ainsi, la présence de glaires dans la gorge peut être liée au mucus d’origine nasale ou pharyngée, ou au mucus d’origine bronchique", détaille le généraliste.

Pour éliminer ce mucus et ces glaires, nous allons éternuer, tousser ou nous moucher. Une grande partie est également avalée : nous avalons habituellement près d'un litre de mucus par jour sans le remarquer !

Que signifie la couleur de votre morve ? Quand elle est jaune, verte, blanche, transparente ?

Le mucus est habituellement transparent, mais "selon les circonstances, il peut prendre différentes couleurs", indique Erik Bernard. Il précise que la couleur de la morve peut donner quelques indications :

• Transparente : c'est la couleur normale de la morve ;
• Blanchâtre : cela peut indiquer le début d'une infection ou une allergie ;
• Jaune ou verdâtre : il s’agit probablement d’une infection (rhume ou rhino-pharyngite, sinusite)
• Marron : cela peut être dû à un saignement de nez (lorsque le sang séché se mélange à la morve) ou à l'inhalation de particules ou de fumée (air pollué) ;
• Noirâtre : en cas de tabagisme ou d’exposition à un environnement pollué.

En aucun cas, "la présence de sécrétions colorées, jaunes ou verdâtres, n’est le signe d’une infection bactérienne nécessitant un traitement antibiotique", rappelle le Dr. Bernard. En général, après quelques jours, le mucus redevient clair. En outre, la couleur de la morve ne suffit pas à poser un diagnostic médical.

Est-ce grave s'il y a du sang dans la morve ?

"La présence de sang dans la morve est souvent source d’inquiétudes, mais n’est pas forcément grave", rassure le généraliste. Par exemple, une morve rose ou rouge est habituelle après un saignement de nez. Cela peut également se voir lorsque les fosses nasales sont simplement sèches ou irritées en raison d’une infection (un rhume, par exemple), une allergie, en cas d’utilisation de sprays nasaux ou d’un mouchage répété. Toutefois, la présence de sang dans la morve peut également indiquer un problème de santé plus sérieux. "Au moindre doute, une évaluation médicale est nécessaire", conseille-t-il.

Quelles maladies/symptômes peuvent l'accompagner ? (sinusite, rhume, allergie ?)

Pourquoi le nez coule ?

Un écoulement nasal n'indique pas nécessairement une maladie. Cela peut survenir en cas d'exposition au froid ou lors de la pratique d’activité physique. La présence de morve ou de glaires peut être associée à diverses maladies ou symptômes, notamment :

Le rhume (rhinopharyngite) ou la grippe

Qu'il s'agisse du rhume ou de la grippe, ces infections virales provoquent souvent une production accrue de mucus nasal et de glaires dans la gorge et les poumons.

La rhinite allergique

Cette affection est causée par une réaction allergique à des substances telles que le pollen, les acariens ou les poils d'animaux. La rhinite allergique peut provoquer une production importante de mucus nasal clair et liquide.

La sinusite

La sinusite ou inflammation des sinus peut provoquer une production de mucus nasal épais et jaune ou vert, ainsi que des douleurs de la face et une congestion nasale.

La bronchite

Cette inflammation des bronches peut provoquer une production de glaires épaisses et jaunes ou vertes, ainsi qu'une toux et une difficulté à respirer.

La pneumonie

Cette infection des poumons peut provoquer une production de glaires épaisses et jaunes ou vertes, ainsi qu'une toux, une fièvre et une difficulté à respirer.

L'asthme

L'asthme, ette affection respiratoire chronique, peut provoquer une production de glaires épaisses et claires dans les poumons, ainsi qu'une toux, une respiration sifflante et une difficulté à respirer.

D’autres affections peuvent se manifester par une congestion nasale ou un excès de mucus :

• Rhinite non allergique à éosinophiles et sinusite chronique ;
• Rhinite vasomotrice ;
• Rhinite irritative ou irritation chronique des muqueuses (exposition à un air pollué, ou trop sec, tabagisme, utilisation régulière de décongestionnants, maladies systémiques, déshydratation, séquelles de radiothérapie…).

Il est important de noter que "la seule présence de morve ou de glaires ne permet pas de diagnostiquer une maladie ou un symptôme particulier", avertit le médecin.

Morve : pourquoi est-elle liquide, gluante ou épaisse ?

La consistance de la morve peut varier en fonction de divers facteurs, tels que l'hydratation, la température, l'humidité et la présence d'infections ou d'allergies.

• Une morve liquide et claire est normale ;
• Une morve gluante et épaisse peut être le signe d'une infection ou d'une inflammation des sinus (sinusite) ;
• Une morve épaisse et collante peut être le signe d'une déshydratation, d'une exposition à des irritants (tabac, air pollué), d'une infection ou d'une inflammation des fosses nasales.

Bien que l’on puisse distinguer la morve et les glaires selon leur origine (nasopharyngée ou pulmonaire), "ces sécrétions sont souvent liées en cas d'infections ou d'affections respiratoires qui touchent à la fois les voies aériennes supérieures et inférieures, telles que la bronchite ou la pneumonie", note le docteur Bernard.

Quel traitement ? Quand consulter ?

Le traitement dépend de la cause sous-jacente.

Soigner une infection virale (rhume, grippe saisonnière)

Comme l'explique le Dr Erik Bernard, le traitement sera avant tout symptomatique, visant à améliorer le confort :

• Éviction des irritants respiratoires, à commencer par l’arrêt du tabagisme (toujours recommandé !) ;
• Aération régulière du domicile et humidification de l’air si nécessaire ;
• Lavage régulier du nez au sérum physiologique ;
• Hydratation soigneuse (pour fluidifier le mucus et faciliter son élimination) ;
• Mouchage régulier (et doux pour ne pas être traumatique).

​Les décongestionnants vasoconstricteurs (par voie locale ou générale) peuvent atténuer les symptômes des infections des voies respiratoires supérieures, mais ils ont également des effets indésirables chez de nombreux patients : leur balance bénéfice/risque est défavorable et leur usage n’est pas recommandé selon l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) : "Ne pas utiliser les formes orales des médicaments vasoconstricteurs pour soulager les symptômes du rhume, une rhino-pharyngite bénigne d’origine virale qui guérit spontanément en 7 à 10 jours”.

Soigner une infection bactérienne

"Pour une infection bactérienne telle que la sinusite par exemple, la prescription d’un antibiotique est possible, en plus des mesures précédentes", note le Dr. Bernard.

Soulager une allergie

Si la cause est une rhinite allergique, le traitement peut inclure :

• Une éviction du ou des allergènes, lorsque cela est possible ;
• Des antihistaminiques. Les antihistaminiques sont efficaces pour lutter contre les éternuements et la production de mucus. Ils sont disponibles par voie orale et sous forme de pulvérisations nasales (et de collyres, en cas de conjonctivite allergique) ;
• Des glucocorticoïdes nasaux. Un spray nasal combinant un antihistaminique et un glucocorticoïde nasal est également disponible (pour les patients de plus de 12 ans) ;
• Une désensibilisation.

Enfin, Erik Bernard recommande de consulter un médecin dans certaines situations, notamment en cas de :

• Fièvre ou altération de l’état général ;
• Maux de tête ou douleurs de la face ;
• Essoufflement ou difficultés à respirer ;
• Sécrétions colorées ou présence de sang ;
• Aggravation ou de persistance des symptômes.