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Molécule : Mycophénolate mofétil
Le mycophénolate mofétil est une prodrogue qui est transformée dans notre intestin pour devenir l'acide mycophénolique actif. Cet acide a été découvert dans des champignons microscopiques appartenant à l'espèce des penicillium. Il est utilisé pour prévenir le rejet de greffe depuis le milieu des années 90.
Mode d'action : Inhibiteur de l'Inosine monophosphate déshydrogénase
Pour résumer, ce médicament bloque une enzyme qui intervient dans la fabrication d'un des constituants de l'ADN : la guanine. Celle-ci manquant, l'ADN des cellules ne peut plus se dupliquer et la prolifération cellulaire caractéristique de la réaction immunitaire du rejet devient impossible.
La guanine appartient à la famille des purines et le mycophénolate mofétil à celle des anti-purines. Son avantage réside dans le fait que, à la différence des autres cellules, les lymphocytes n'ont pas de voie de suppléance pour produire de la guanine. Les autres cellules du corps qui se divisent activement disposent de voie de secours pour leur approvisionnement en guanine et sont donc moins touchées.
Pour en savoir plus sur les mécanismes d'action des immunosuppresseurs, lire notre article.
Comment est-elle prescrite ?
Cellcept ne peut être prescrit initialement qu'à l'hôpital par un médecin qualifié pour une durée de 6 mois. Il n'y a pas de restrictions pour les renouvellements d'ordonnance car les 6 mois de la prescription initiale suffisent à équilibrer la posologie pour être efficace en limitant les effets secondaires.
Utilisation
Le Cellcept est utilisé par voie orale pour prévenir le rejet aigu de greffe rénale, cardiaque et hépatique. Il est systématiquement associé à la ciclosporine et aux corticoïdes. Il remplace de plus en plus l'azathioprine, autre anti-purine plus ancien, car il a montré une efficacité supérieure.
En début de traitement et selon l'organe greffé, les doses employées sont de l'ordre de 1 à 3g/j en 2 prises. Ensuite les doses sont abaissées à 1 à 2 g/j.
Effets secondaires les plus fréquents
Même si l'action du mycophénolate mofétil est prépondérante sur le lymphocyte, les tissus qui se renouvellent beaucoup sont tout de même légèrement touchés ; ce qui se traduit par des effets secondaires. Les tissus les plus touchés sont les cellules du sang (le globules rouges par exemple ont une de vie de 120 jours) et du tube digestif (on parle d'un renouvellement complet des cellules de l'intestin tous les 2 à 3 jours). Les effets secondaires s'observent surtout à fortes doses (supérieures à 1 g/j) parfois chez plus de 50 % des patients.
Troubles digestifs : Ces effets indésirables sont directement liés au mode d'action du produit. Ils sont très fréquents (de 20 % à 60 % des cas selon la dose et la greffe concernée) et peuvent se manifester entre autres sous la forme de diarrhées, de vomissements, de douleurs ou de constipation. Le seul moyen de les atténuer est de réduire les doses en l'associant à d'autres médicaments comme la ciclosporine et les corticoïdes.
Troubles hématologiques : Pourtant moins fréquents qu'avec l'azathioprine, le mycophénolate mofétil entraîne des désordres sanguins chez plus de 20 % des patients ; anémie, leucopénie en tête. Ces effets secondaires se traduisent par une grande susceptibilité aux infections d'autant que le système immunitaire est déjà réprimé par le traitement.
Autres : Ce médicament est susceptible de provoquer des douleurs, de la fièvre, des maux de tête, des infections, de l'hypertension et des oedèmes.
Précautions à prendre :
Surveillance du traitement
Régulièrement, lors des visites de contrôle (généralement tous les 6 mois, plus fréquemment en début de traitement), il est pratiqué un dosage des taux sanguins d'acide mycophénolique. Cela permet ajuster la posologie à une meilleure efficacité tout en limitant la survenue des effets secondaires.
Par ailleurs, les effets secondaires sont également suivis plusieurs fois par an lors des consultations grâce à l'interrogatoire et la réalisation d'une numération de formule sanguine ( NFS). Celle-ci permet d'explorer l'importance des effets secondaires sur les cellules sanguines et d'adapter les traitements en conséquences.
Contre-indications :
Le mycophénolate mofétil est contre-indiqué en cas d'allergie au produit.
De plus, il a montré des effets tératogènes chez l'animal. Il est donc fortement déconseillé chez la femme enceinte et ne doit être utilisé que si le bénéfice escompté est supérieur aux risques encourus par le foetus. Il est absolument contre-indiqué chez la femme en âge de procréer (contraception efficace à mettre en place) et en cas d'allaitement.
Pris en association avec d'autres immunosuppresseurs, ce médicament expose à un risque accru de lymphome et de tumeurs malignes notamment cutanées. Il est d'ailleurs vivement déconseillé de s'exposer aux rayonnements solaires ou aux ultra-violets pendant le traitement.
L'acide mycophénolique est susceptible de diminuer l'efficacité des vaccins. L'administration de vaccins est donc à éviter pendant le traitement notamment les vaccins contenant des virus vivants atténués (Rougeole, Oreillon, Rubéole, Choléra, Diphtérie, Polio oral, Varicelle et fièvre jaune).