La contamination toxique des emballages alimentaires inquiète
Cartons, boîtes, sacs… Ces emballages qui contiennent et transportent nos aliments font l’objet d’une polémique : ils contiendraient des substances toxiques qui atteignent les aliments. Bien qu’étant dangereuse pour la santé, cette contamination toxique ne suscite pour l’instant aucune réglementation particulière. Doctissimo fait le point avec vous.
Quelles sont les substances toxiques retrouvées dans les emballages alimentaires ?
La contamination toxique des aliments provient des huiles minérales présentes dans les emballages alimentaires. En effet, des huiles minérales ont été retrouvées dans plusieurs aliments de grande consommation. En 2015, l’ONG Foodwatch avait trouvé des huiles dérivées d'hydrocarbures dans les pâtes, les lentilles, les céréales, les biscuits ou le riz suite à une enquête portant sur 42 produits de très grande consommation en France achetés dans différents hypermarchés. En 2016, une étude de la même ONG avait montré que des traces d’hydrocarbures d’huiles minérales étaient présentes dans plusieurs produits chocolatés, dont les fameuses barres Kinder etles Fioretto Nougats Minis de chez Lindt.
De nombreux produits alimentaires contiennent ces substances toxiques dérivés de pétrole. Les plus dangereuses sont les hydrocarbures d’huiles minérales aromatiques appelées MOAH (mineral oil aromatic hydrocarbons), soupçonnés d’être cancérigènes et mutagènes (ils peuvent endommager l’ADN). Les hydrocarbures saturés appelés MOSH peuvent quant à eux s’accumuler dans les tissus humains et induire des effets indésirables pour le foie. Les enfants seraient particulièrement exposés à ce risque.
D’où viennent-elles ?
Selon Foodwatch, il existe plusieurs canaux de contamination toxique. Dans le cas de la contamination des barres Kinder par des traces d’hydrocarbures d’huiles minérales, les sacs de jute utilisés pour le transport des fèves de cacao, traitées avec des huiles minérales, seraient en cause - ou encore les emballages en papier qui contiennent des encres toxiques à base d'huile minérale. Autre source de contamination toxique : les cartons recyclés, les cartons non recyclés mais contaminés par l'environnement extérieur mais aussi les résidus des produits lubrifiants des machines lors de la fabrication. "Les emballages recyclés restent néanmoins l'une des sources principales de contamination", affirme l'ONG, qui l’explique par l'accumulation d'encres et d'autres substances comme des solvants.
Un gramme d'hydrocarbures en moyenne dans le corps humain
Dans une étude internationale publiée en 2014 par l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments), un quart des sujets testés avait emmagasiné plus de 5 grammes de MOSH dans leurs organes. Les experts estiment que notre corps contient en moyenne un gramme d’huiles minérales.
Après une alerte de l’Europe, toujours aucune législation française
En janvier 2009, la présence d'une substance chimique, la 4-méthylbenzophénone, avait déjà été détectée dans du muesli au chocolat fabriqué en Belgique. Cette substance, utilisée dans l'encre des cartons d'emballage, avait migré vers le sachet protecteur à l'intérieur de la boîte, contaminant ainsi les céréales. Seul distributeur de cette denrée en France, Lidl a décidé de retirer tous les lots du marché français.
Cette alerte a amené les experts des états membres de l’Union européenne à solliciter en urgence l'avis scientifique de l'Efsa. Verdict rendu après enquête : le risque est réel pour l’homme que s’il ne consomme le produit contaminé "aux niveaux les plus élevés".
Depuis, aucune réglementation n'existe sur les quantités acceptables des huiles minérales dans les produits alimentaires. En France, le gouvernement n’a encore pris aucune mesure.
Du côté de la grande distribution, malgré un vide juridique, les choses ont un peu évolué. Suite à la campagne intensive de Foodwatch, les enseignes Intermarché, Casino, E.Leclerc, Lidl, Système U et Carrefour se sont engagés à respecter des seuils clairs dans les aliments (pas de quantité détectable de MOAH et une teneur maximale de MOSH de 2mg/kg). D’autres entreprises se mobilisent pour lutter contre la contamination des aliments (Nestlé, Panzani, Mars Food) mais n’ont toujours fixé aucun seuil.
Les ONG et les associations se mobilisent
Foodwatch, qui a enquêté à plusieurs reprises sur la question, demande que des seuils limites par substance soient fixés. Elle souhaite même qu'une tolérance zéro soit appliquée sur les MOAH. Une pétition toujours en ligne créée pour protéger les consommateurs a été lancée, exigeant que "des barrières efficaces" soient mises en place par les industriels pour éviter ce phénomène de "migration" du carton vers les denrées alimentaires. Foodwatch a également reçu le soutien du Réseau environnement santé (RES) qui regroupe des associations impliquées dans les problèmes de santé liés à l'environnement.
Quelles solutions pour éviter la contamination toxique ?
"Des sachets intérieurs empêchant cette « migration » de substances, un matériau absorbant permettant de piéger ces huiles dans l'emballage ou une couche protectrice appliquée sur le carton", avait proposé Ingrid Kragl, directrice de l'information de Foodwatch en France, lors d'une conférence de presse en 2015. Reste à voir si une de ces solutions sera mise en oeuvre.