Les charcuteries à base de nitrites ne seront finalement pas taxées
Alors qu'une cinquantaine de députés avaient voté un amendement visant à taxer les charcuteries à base de nitrites, dénonçant leurs effets néfastes sur la santé, l'Assemblée nationale vient de rejeter cette mesure, jugée prématurée et inefficace.
Le jeudi 24 octobre, l'Assemblée nationale a tranché : les charcuteries contenant des sels nitrités ne seront finalement pas taxés.
Les lobbies de l'alimentation dénoncés
Une cinquantaine d'élus LREM, UDI-Agir, PS ou LFI avaient voté dans la nuit du 15 au 16 octobre un amendement visant à instaurer une taxe de 0,10 centime d'euros par kilogramme sur les produits de charcuterie à base d'additifs nitrités (nitrite, nitrate et/ou sel nitrité). Ces additifs, utilisés pour améliorer la conservation et donner une couleur rose au jambon, sont suspectés de favoriser la survenue de cancers et notamment de cancers colorectaux.
Le député MoDem Richard Ramos, qui avait déposé l'amendement, déplore cette décision, qui "restera sur la conscience des députés. Au-delà de la question du sel nitrité, cet amendement porte sur le bien manger français." Il dénonce également le fait que "550 députés ont reçu hier de lobbyistes de fausses informations sur la santé".
Un amendement jugé "prématuré" et "inefficace"
De son côté, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a affirmé ne pas être "soumise à la pression des lobbies de l'alimentation". L'AFP rapporte qu'elle a jugé cet amendement "prématuré" : "Pour l’Agence européenne de la sécurité alimentaire, il n’y a pas d’association entre l’ingestion de nitrates et la survenue de la plupart des cancers. L’effet néfaste serait dû à la transformation des nitrates en nitrite, mais cette conversion dans l’organisme humain est très variable et insuffisamment documentée."
Des travaux menés par l'Anses seraient en cours sur ce sujet. La ministre a par ailleurs estimé "qu’une si petite taxe serait inefficace, pour changer les comportements des producteurs comme pour réduire la consommation des acheteurs".