La "fin de la faim" possible pour 2030 ?
A l’occasion de la Journée mondiale de l’Alimentation vendredi 16 octobre, Action contre la faim distribuera un journal “futuriste“, L’Echo de demain, daté de 2030. La Une du journal annonce “la fin de la faim“. Un titre choc pour un objectif atteignable selon l’association. Les explications de cette initiative avec le Dr Serge Breysse, directeur du département Expertise et Plaidoyer d’Action contre la faim.
Pourquoi avoir réalisé ce journal et que peut-on y trouver, hormis cette Une choc ?
Dr Serge Breysse, directeur du département Expertise et Plaidoyer d’Action contre la faim : C’est une manière de rappeler que la faim n’est pas une fatalité, que nous connaissons les moyens d’y remédier et qu’il ne reste plus qu’à les appliquer concrètement pour éradiquer ce fléau inadmissible au XXIe siècle. Aujourd’hui encore, près de 800 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim, 50 millions d’enfants présentent la forme la plus sévère de malnutrition.
Les objectifs de notre association sont clairs : éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable. Et ce, partout dans le monde. Pour montrer que c’est un objectif tout à fait atteignable, nous avons rédigé ce journal comme une vision optimiste du futur : la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, NDLR) annonce le 16 octobre 2030 “La fin de la faim“. Dans le cœur du journal, nous développons comment nous avons pu y arriver, simplement en mettant en œuvre les solutions reconnues comme efficaces, aujourd’hui en 2015.
Que faudrait-il concrètement pour mettre fin à la faim dans le monde ?
Dr Serge Breysse : Avant tout, il faudrait des engagements financiers, c’est primordial. Que les pays concernés mettent en place des financements appropriés, mais aussi que les autres pays favorisent les aides au développement. Il faut vraiment que tous les pays sans exception appliquent les 17 objectifs de développement durable adoptés au sommet de l’ONU en septembre 2015*. Car la solution ne peut être que globale.
Il faut aussi assurer l’accès aux traitements médicaux pour tous, une sorte de couverture universelle qui inclut le traitement de la malnutrition. Un autre point majeur est l’accès à l’eau potable, qui doit être établi partout, tout comme l’accès à l’hygiène et à l’assainissement.
Et de manière très concrète, les pays où la population souffre de la faim doivent mettre en place des systèmes agricoles assurant à la fois la qualité et la quantité des productions. Cela passe par des politiques pour favoriser l’accès à la terre et à l’agro-écologie, à l’échelle individuelle, des familles, des nations.
Un autre point essentiel auquel on ne pense pas toujours est l’éducation, celle des femmes en particulier. Car ce sont les femmes qui s’occupent majoritairement des enfants en bas âge, les premières victimes de la malnutrition.
Quel impact souhaitez-vous avoir avec la distribution de L’Echo de Demain ?
Dr Serge Breysse : Toucher le grand public, car nous ne pourrons pas atteindre cet objectif sans une mobilisation générale. Il faut bien évidemment arriver à faire bouger les politiques, à ce que les pays s’engagent dans cette voie. Cela ne peut se faire qu’avec l'implication de la population.
De plus, éradiquer la faim dans le monde ne pourra devenir une réalité qu’en considérant tous les facteurs qui entrent en jeu, comme le développement économique des pays, un développement qui doit être équitable. Nous devons aussi faire en sorte de maîtriser les aléas climatiques. Enfin, une solution doit être trouvée aux conflits multiples à travers le monde. Cela peut paraître éloigné du sujet mais la question de la malnutrition se pose beaucoup pour les populations des pays en guerre.
L’Echo de demain a donc aussi ce rôle : informer sur tous les facteurs qui doivent être pris en compte pour que la fin de la faim dans le monde puisse un jour devenir une réalité.
Propos recueillis par Violaine Badie
L’Echo de demain sera distribué durant la journée mondiale de l’Alimentation par les bénévoles d’Action contre la faim : place de la Bourse à Paris, mais aussi dans 30 autres villes de France (Bordeaux, Biarritz, Lille, Lyon, Strasbourg, etc.). Il sera également disponible en ligne sur le site de l’opération : www.jours-sans-faim.org (à partir du vendredi 16 octobre 2015). Les internautes sont invités à se prendre en photo avec le journal et à poster leur selfie sur les réseaux sociaux avec le hashtag #2030sansfaim
*Le 25 septembre 2015, les Etats membres de l’ONU ont adopté un nouveau programme de développement durable qui comprend un ensemble de 17 objectifs mondiaux pour mettre fin à la pauvreté, lutter contre les inégalités et l’injustice et faire face au changement climatique d’ici à 2030.
Sources : 1 – Interview du Dr Serge Breysse, directeur du département Expertise et Plaidoyer d’Action contre la faim (octobre 2015) 2 – Communiqué de presse d’Action contre la faim (septembre 2015)
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