Le Japon gagne la guerre du thon rouge
La conférence sur la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) à Doha a finalement refusé d'inscrire le thon rouge sur l'Annexe I, ce qui veut dire que sa commercialisation n'est pas interdite. Contre l'avis de l'Europe, les votes ont tourné à la faveur du géant Japonais.
Le commerce international du thon rouge ne sera pas interdit. A la majorité (68 voix contre 20), les 175 membres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), réunis à Doha le 18 mars 2010, ne sont pas parvenus à un accord sur l'interdiction du commerce de l'espèce. La Libye et le Soudan, sous l'égide du Japon et soutenus par le Sénégal ou la Zambie, ont fait appel au vote immédiat, coupant court à tout débat. La crainte de voir la mesure étendue aux autres variétés de thon aurait décidé les pays les moins enclins à légiférer. Le lobbying du Japon, premier consommateur de la production mondiale de thon rouge de l'Atlantique, a également fait son oeuvre. Rappelons qu'un thon rouge de 200 kilos s'arrache 35 000 dollars à la criée.
Le 3 février 2010, la France, sous l'impulsion de la principauté de Monaco, s'était pourtant prononcée en faveur de l'interdiction du commerce international du thon rouge. Si cette décision avait alors semé la colère et l'incompréhension auprès des thoniers-seneurs, évidemment soucieux de l'avenir de leur profession, elle avait par ailleurs choqué les associations de protection de l'environnement qui s'étaient aussitôt insurgées de la condition posée par la France : prévoir un délai de mise en oeuvre de la mesure de 18 mois (soit deux saisons de pêche). En Méditerranée, le stock de thon rouge a baissé de 74,2 % de 1957 à 2007 selon l'Ifremer.
L'annonce de l'échec d'un accord favorable à l'interdiction du commerce de l'espèce n'a donc pas manqué de provoquer la consternation des associations écologistes, GreenPeace et le WWF en première ligne. Alors que Bruxelles souhaite désormais obtenir l'inscription du thon rouge en Annexe II de la Cites, de manière à réglementer et réguler le commerce international de l'espèce, le directeur de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), Alain Fonteneau invite désormais la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Icaats), initiative européenne, à maintenir l'effort de surveillance des pêches. Cette même commission est accusée par les associations écologistes d'avoir poussé le nombres de thons rouges “au bord de l'effondrement“. L'Iccat avait pourtant réduit les quotas de pêche du thon rouge de 32 000 à 13 500 tonnes.
D'autres discussions concernent dès dimanche le commerce de quatre espèces de requins dont les ailerons sont vendus sur le marché asiatique.
Emmanuelle Vieillard
Sources :
Communiqué de Greenpeace (disponible en ligne)
Communiqué du WWF (disponible en ligne)
- le site de lacites
- greenpeace
- wwf
- protégerla biodiversité