Autisme : un an après la mise en place de la stratégie du gouvernement où en est-on ?
Le 6 avril 2018, le Premier Ministre Edouard Philippe annonçait la mise en place d’une stratégie pour l’autisme en France axée sur 5 points importants. Un an après, le gouvernement dresse le bilan.
"Rattraper le retard historique de notre pays dans sa politique de l’autisme". Telle est la grande ambition du plan stratégique pour l’autisme 2018-2022, lancé par le gouvernement il y a un an. A l’occasion de ce premier anniversaire, le gouvernement dresse le bilan des avancées dans un communiqué de presse paru le 1er avril 2019. Un engagement financier de 344 millions d’euros a donc été mis en place afin de faire avancer le projet qui se concentre toujours sur les 5 axes annoncés il y a un an.
Mieux connaître la maladie pour mieux l’appréhender
Lors du lancement de la stratégie, l’idée était de "structurer toute une communauté de recherche sur l’autisme et les troubles du neuro-développement", selon Edouard Philippe. Afin d’améliorer les connaissances concernant la maladie le gouvernement confirme aujourd’hui la création de dix postes de chefs de clinique en pédopsychiatrie depuis octobre 2018 dont les projets de recherches se tournent vers "l’identification de biomarqueurs, ou le développement de technologies et de modes d’accompagnement destinés à soutenir l’autonomie des personnes" autistes.
Une aide financière pour améliorer le diagnostic précoce
La diagnostic de l’autisme est un véritable parcours du combattant avec plus de 2 à 4 ans d’attente. Si sur le plan d’une meilleure organisation du procédé rien n’est révélé, sur le plan financier, le gouvernement explique dans son communiqué avoir mis en place un "parcours coordonné de soins pour les moins de 7 ans" pour 2019 en accord avec la Sécurité sociale. Il s’agit d’un forfait d' "intervention précoce" de 1500 € pour financer les interventions nécessaires avec des professionnels de santé telles que des séances d’ergothérapie ou de psychomotricité. Un forfait de 300 euros a également été mis en place pour aider au paiement d’un bilan psychiatrique dès l’apparition des premiers symptômes. Malheureusement le problème reste que les rendez-vous avec un psychiatre sont difficiles à obtenir.
Favoriser la scolarité des enfants autistes
Il y a un an, à l’annonce du plan stratégique, le gouvernement espérait tripler d’ici 2002 le nombre d’unités d’enseignement maternel autisme afin de scolariser tous les enfants à 3 ans. Pour l’instant c’est toujours le cas, "180 nouvelles unités devraient voir le jour, dont 30 seront ouvertes à la rentrée 2019", peut-on lire dans le communiqué. Six unités élémentaires sont déjà en place et dix autres le seront en septembre prochain. Afin d’améliorer la scolarisation des enfants autistes, 50 professeurs "spécifiquement formés aux besoins éducatifs particuliers des élèves autistes sont en cours de recrutements".
Aider l’inclusion des autistes adultes
"La première mesure qui s’impose, c’est donc de lancer un vaste plan repérage des adultes dont l’autisme n’a jamais été diagnostiqué, notamment ceux qui se trouvent dans les établissements médico-sociaux ou de santé" avait annoncé le Premier Ministre Edouard Philippe, le 6 avril 2018. En effet, 600 000 adultes sont estimés être porteurs de troubles du spectre de l’autisme. Un an après, le gouvernement confirme la préparation d’une méthode afin de dépister les personnes adultes qui seraient concernées. En novembre 2018, le vote de la loi Elan a permis également de disposer d’une sélection d’offre en matière de logement "avec l’autorisation de la co-location dans le parc de logement social et la reconnaissance de l’habitat inclusif". 5 millions d’euros ont également été débloqués pour l’instauration d’une aide à l’insertion professionnelle car à ce jour seulement 1 à 2% des personnes autistes travaillent.
Plus d’informations pour les familles
La volonté du gouvernement, il y a un an était de favoriser le soutien des familles en améliorant leur accès aux informations. Aujourd’hui le communiqué annonce un budget de trois millions d’euros consacrés à un programme de formation d’aidants et la création de "groupements d’entraide mutuelle dans les départements" (GEM).
La stratégie annoncée par le gouvernement, il y a un an semble donc suivre son cours et annonce des avancements. Néanmoins depuis la publication du bilan et à l’occasion de la journée de sensibilisation à l’autisme, les premières critiques fusent déjà parmi les association. Dans un communiqué, l’association Vaincre l’autisme dénonce "une tromperie de l’état". Le budget alloué à la stratégie n’est pas suffisant "il revient à moins de 62 millions d’euros et ce chiffre, le gouvernement le disperse sur l’ensemble des Troubles Neuro-Développementaux réduisant, ainsi, le budget de l’autisme à néant et trompant les familles, les professionnels et la société !". Pour l’association, en deux ans rien de réellement concret n’a été fait et le gouvernement ne fait que "prolonger l’agonie des personnes autistes et de leurs familles".