Tentatives de suicide, automutilation : les hospitalisations chez les adolescentes en augmentation "brutale"
Selon un rapport de la Drees révélé hier, les deux tiers des personnes hospitalisées en 2022 pour des gestes auto infligés concernent des femmes jeunes, voire très jeunes. Une forte progression qui interpelle.
On savait la santé mentale des jeunes et adolescents s'était fragilisée depuis le Covid. Mais c’est chez les jeunes femmes et jeunes filles que la tendance est la plus préoccupante. Selon un rapport de la Drees publié ce 16 mai, en 15 ans, les hospitalisations pour tentative de suicide ou automutilation ont progressé "de façon brutale et inédite". 2022 apparaissant comme une année jamais égalée dans la période observée depuis 2007.
64% des hospitalisations concernent des jeunes ou très jeunes femmes
Ainsi en 2022, sur 85 000 hospitalisations en médecine et chirurgie (MCO) ou psychiatrie pour un geste auto-infligé (soit un coup contre un mur, une brûlure, une scarification ou une tentative de suicide), 64% était des femmes ou de jeunes filles. Les modes opératoires de ces hospitalisations sont très largement les intoxications médicamenteuses volontaires (75% des hospitalisations en MCO et 61% en psychiatrie) suivies des lésions par objet tranchant (10% en MCO et 19% en psychiatrie) et des gestes "violents".
Des visites en médecine et chirurgie semblent stables du côté de 10-14 ans en comparaison avec l’année précédente, et légèrement en hausse pour les 15-19 ans. Mais c’est en service de psychiatrie que la tendance est conséquente et visible avec une augmentation de 246% d’hospitalisation des 10-14 ans et de 163% pour les 15-19 ans. Preuve d’une accélération, les hospitalisations de 10 à 19 ans sur ce sujet, avait doublé entre 2012 et 2020 puis de nouveau entre 2020 et 2022.
Une tendance à la hausse qui ne concerne pas les garçons
Cette hausse brutale des hospitalisations pour tentatives de suicide ou automutilation conernent donc principalement les jeunes filles avec un pic autour de l’âge de 15 ans. En revanche, elle ne se détecte ni chez l’adulte, ni chez les garçons et jeunes hommes.
Chez les garçons de 10 à 24 ans, les hospitalisations existent bien sûr, mais elles sont stables depuis 15 ans. Le document mentionne qu’il n’y a pas eu d’augmentation particulière des hospitalisations liées à des comportements à risque tels que agressions physiques, accidents de transport, prises de toxiques (le pendant masculin des geste infligés chez les filles).
Deux numéros à connaitre
Si la santé mentale reste aujourd’hui l’un des préoccupations majeures du quinquennat et qu’un conseil national de la refondation (CNR) sur la santé mentale devrait intervenir en juin et juillet, la prévention doit rester un réflexe de tous les jours dans l’entourage des adolescents. En cas de question, d’inquiétude : Le 0 800 235 236 est une ligne d’écoute dédiée aux jeunes est accessible 7 jours sur 7 de 9h à 23h Le 3114, numéro national de prévention du suicide, est aussi accessible 24h/24 et 7j/7.
Rapport, Dress, 16 mai 2024.
