Le nombre de cas de ce cancer va doubler d’ici 2040
Selon une nouvelle étude, les cas de cancer de la prostate vont fortement progresser à l’échelle mondiale dans les années à venir, notamment dans les pays les moins riches.
Selon des modélisations parues dans le journal médical The Lancet, le nombre de cas de cancers de la prostate va fortement augmenter ces prochaines années. Un phénomène qui s’expliquerait par le vieillissement global des populations.
Une hausse de l'espérance de vie en cause
Le cancer de la prostate se situe au premier rang des cancers masculins, nettement devant les cancers du poumon et du côlon-rectum. Il s'agit d'une tumeur maligne qui se développe à partir de cellules de la prostate, glande de l'appareil génital masculin.
S'il s'agit le plus souvent d'un cancer de bon pronostic (même s'il est à l'origine de 8000 décès chaque année), il va se banaliser ces prochaines années, estime l'étude.
"Selon nos conclusions, le nombre annuel de nouveaux cas va doubler de 1,4 million en 2020 à 2,9 millions en 2040", résument les auteurs de cette étude publiée jeudi, réalisée en extrapolant des changements démographiques déjà observés à l'heure actuelle. Cette progression s'expliquerait par "la hausse de l'espérance de vie et par des changements dans les pyramides des âges", ajoutent les auteurs.
En effet, plusieurs pays en voie de développement rattrapent progressivement leur retard en termes d’espérance de vie - ce qui contribue inévitablement à l’augmentation des cas.
Un cancer qui survient, par ailleurs, "dans environ 66 % des cas chez des hommes âgés de 65 ans et plus", relate l'Institut National du Cancer.
Une prévention difficile à mettre en place
Face à la courbe croissante des cas, les scientifiques se montrent peu optimistes.
"Contrairement à d'autres problèmes d'ampleur, comme le cancer du poumon ou les maladies cardiovasculaires, on ne pourra pas éviter cette hausse des cas par des politiques de santé publique", relèvent les chercheurs.
Et pour cause : les facteurs de risque associés au cancer de la prostate, tels que l'hérédité et la taille élevée, sont plus difficilement évitables que ceux liés au cancer du poumon par exemple, pour lequel la prévention repose essentiellement sur l'absence de tabagisme.
Seule une corrélation avec le surpoids a été identifiée, mais les chercheurs demeurent divisés quant à l'existence d'un lien de causalité.
Gare aux diagnostic tardifs dans les pays pauvres et au surdiagnostic dans les pays riches
D’après les auteurs de l’étude, certaines mesures peuvent être envisagées pour freiner la croissance des cancers de la prostate et surtout son impact en termes de mortalité. Ils préconisent de miser sur des diagnostics moins tardifs, notamment dans les pays moins riches.
Ils mettent en revanche en garde sur le risque de "surdiagnostic et surtraitement" dans les pays développés.
Rappelons qu'aujourd’hui, le bénéfice du dépistage du cancer de la prostate n’est pas démontré : deux grandes études internationales n'ont pas réussi à démontrer que ce dépistage permet d’éviter des décès liés au cancer de la prostate. Ainsi, aucune autorité de santé ne recommande le dépistage systématique du cancer de la prostate par dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) chez les hommes sans symptôme.
Toutefois, certains hommes peuvent souhaiter un dépistage du cancer de la prostate. C'est alors un choix personnel qui nécessite d’être réfléchi.