Qu'est-ce que l'immunité adaptative ?
L’immunité adaptative, aussi appelée immunité acquise, est celle que l’on acquiert au fil des années, quand notre organisme rencontre des agents pathogènes. Comment fonctionne-t-elle ? Quelle est la différence avec l’immunité innée ? Quel est le rôle de la vaccination dans l’immunité adaptative ? Doctissimo a interrogé le Dr Benjamin Rossi, médecin infectiologue.
Qu'est-ce que le système immunitaire ?
Le système immunitaire a pour mission de défendre notre organisme contre les agents pathogènes (virus, bactéries, champignons, cellules cancéreuses…). Il est constitué de cellules et d'organes qui travaillent ensemble pour protéger le corps et réagir aux infections et maladies. Ces cellules et organes interviennent dans deux lignes de défenses distinctes : l’immunité innée et l’immunité adaptative.
Définition : qu’est-ce que l’immunité adaptative ?
L’immunité adaptative ou spécifique, est la ligne de défense spécifiquement dirigée contre l’agent pathogène qui attaque notre organisme. Elle n’est pas présente à la naissance mais s’acquiert au fil du temps. Elle est déclenchée à chaque fois que notre corps rencontre des antigènes, qui sont des substances repérées par le système immunitaire qui produit alors des anticorps pour les détruire.
"A chaque première rencontre avec un agent pathogène, l’immunité adaptative met environ 15 jours à se mettre en place", précise le Dr Rossi. Après cette première exposition, les acteurs de l’immunité adaptative gardent en mémoire cet agent pathogène, ce qui permet de le combattre plus rapidement et plus efficacement lors des prochaines rencontres.
Autrement dit, à la première rencontre avec un agent pathogène, nous tombons malade et présentons des symptômes infectieux qui durent quelques jours. Grâce à l’immunité adaptative, il est possible que nous tombions malade lors des prochaines rencontres avec cet agent pathogène mais les symptômes seront moins prononcés et dureront moins longtemps. L’infection peut aussi ne pas se produire.
Quelle est la différence entre l’immunité innée et l’immunité adaptative ?
On ne peut pas parler de l’immunité adaptative sans évoquer l’immunité innée car elles sont complémentaires. On peut schématiser en disant que l’immunité innée est la réponse de première ligne que peut produire l’organisme face à un agent pathogène et que l’immunité adaptative est la réponse de deuxième ligne.
Comme son nom l’indique, l’immunité innée est présente dès la naissance, on naît tous avec les cellules de l’immunité innée. "Contrairement à l’immunité acquise, l’immunité innée est une réponse non adaptée à un agent pathogène. Elle se caractérise par des mécanismes de défense génériques qui produisent des cellules inflammatoires. Mais elle est indispensable à l’immunité adaptative car c’est elle qui va ‘présenter’ la cause de l’infection à l’immunité adaptative pour que celle-ci la combatte de façon ciblée", détaille l’infectiologue.
En résumé, l’immunité innée apporte une réponse immédiate aux envahisseurs étrangers et les traite tous de la même façon, sans les garder en mémoire. Tandis que l’immunité adaptative adapte sa défense à un antigène spécifique et garde en mémoire ses rencontres avec des antigènes pour mieux les détruire ensuite.
La protection durable de l’immunité adaptative est possible grâce à la production d’anticorps contre chaque antigène rencontré pour la première fois. Ces anticorps empêcheront l’agent pathogène de provoquer une infection lors d’une deuxième rencontre.
Comment fonctionne l’immunité adaptative ?
Quand un agent infectieux pénètre dans notre organisme, il déclenche l’immunité innée. L’immunité innée a pour mission de ralentir l’infection et d’avertir l’immunité adaptative de cette agression extérieure. Une fois avertie, l’immunité adaptative entre en action dans les tissus lymphoïdes (ensemble des organes où se trouvent les lymphocytes et d’autres cellules du système immunitaire), notamment dans les ganglions et la rate.
Quelles sont les trois grandes phases d'une réponse immunitaire adaptative ?
Plusieurs mécanismes se mettent en place successivement lors du déclenchement de l'immunité adaptative.
Etape 1
L’antigène (agent infectieux) active les lymphocytes B qui vont sécréter des anticorps spécifiquement dirigés contre lui afin de le détruire.
Etape 2
L’antigène est ensuite présenté à des lymphocytes T par les cellules dendritiques chargées de déclencher les réponses immunitaires.
Etape 3
Les lymphocytes T se différencient :
- En lymphocytes T cytotoxiques qui détruisent les cellules infectées ;
- En lymphocytes T auxiliaires qui stimulent les lymphocytes B pour produire une plus grande quantité d’anticorps et de cellules mémoire, qui iront ensuite se loger dans la moelle.
Quels sont les acteurs de l’immunité adaptative ?
Plusieurs cellules interviennent dans les mécanismes de l’immunité adaptative :
- Les lymphocytes T et B qui sont des globules blancs ;
- Les cellules dendritiques qui sont des cellules présentatrices d’antigènes ;
- Les cytokines qui sont des cellules qui assurent les communications entre les cellules du système immunitaire ;
- Le système du complément qui est un groupe de 50 protéines environ qui jouent un rôle primordial dans l’immunité innée puisqu’elles aident l’organisme à se défendre contre les agents pathogènes.
Immunité humorale : de quoi parle-t-on ?
L'immunité humorale correspond à la production d'anticorps par les lymphocytes B. Elle est principalement dirigée contre les agents infectieux extracellulaires tels que les bactéries.
Quel est le rôle de la vaccination dans l’immunité adaptative ?
La vaccination permet de stimuler l’immunité adaptative sans provoquer d’infection. “Concrètement, elle consiste à injecter une partie d’un virus peu activé, peu infectant ou complètement mort, pour activer l’immunité innée. Cela va produire une réaction inflammatoire qui va déclencher l’immunité adaptative”, explique le Dr Rossi.
Les vaccins permettent donc de créer une immunité durable à un antigène ciblé, sans que nous tombions malade. "L'immunité vaccinale dure entre 10 et 15 ans", signale le médecin infectiologue.