Cancer du col de l'utérus : nouvelle campagne pour inciter au dépistage par frottis
Responsable de plus de 1 000 décès par an, le cancer du col de l’utérus pourrait être quasiment éliminé grâce au frottis et à la vaccination contre le virus HPV. Mais moins de 30% des jeunes filles sont correctement vaccinées et 40% des femmes ne réalisent pas de frottis régulièrement, le plus souvent par manque de suivi gynécologique. Pour relancer cette démarche de prévention, l’institut national du cancer et le ministère de la Santé lancent une campagne pour savoir où réaliser son frottis.
Deux femmes sur cinq ne font pas de frottis régulièrement
Le frottis est recommandé, tous les 3 ans et jusqu’à 65 ans. Il est en effet important de rappeler que le suivi par frottis ne s’arrête pas à la ménopause : les anomalies liées aux virus HPV évoluant lentement, les frottis sont recommandés jusqu’à 65 ans et ce, même en l’absence de rapports sexuels.
Le dépistage par frottis relève aujourd’hui la plupart du temps d’une démarche individuelle et est fortement lié au suivi gynécologique. De nombreuses femmes ne bénéficient pas d’un suivi régulier, notamment parmi les femmes de 50 à 65 ans, les catégories socioéconomiques les moins favorisées, celles habitant certains départements à faible densité de médecins, notamment gynécologues...
Le frottis peut être réalisé ou prescrit par le médecin traitant ou le gynécologue, mais aussi être effectué par une sage-femme ou dans différents lieux de soins (centre de santé, centre de planification ou d'éducation familiale, sur prescription, dans certains laboratoires d’analyse de biologie médicale).
Une campagne pour savoir où réaliser son frottis
Pour que cette information ne soit plus ignorée des femmes, l’Institut national du cancer et le ministère des Affaires sociales et de la Santé diffuseront du 11 au 28 janvier une campagne radio et des documents d’information. L’objectif est de rappeler aux femmes de 25 à 65 ans l’importance du frottis tous les 3 ans et quels sont les professionnels de santé vers lesquels se tourner pour le réaliser. Cette campagne intervient en amont de la semaine européenne de prévention et dépistage du cancer du col de l’utérus (19 au 25 janvier).
On compte 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus chaque année en France et plus de 1 000 décès. 90% de ces cancers pourraient être évités par un dépistage régulier par frottis. Depuis 35 ans, 2 fois moins de femmes sont touchées par ce cancer, notamment grâce au frottis.
Le frottis, un geste simple qui peut sauver des vies
Pour se protéger contre ce cancer féminin, il existe deux leviers efficaces et complémentaires : la vaccination, recommandée dès 11 ans et le dépistage par frottis pour les femmes à partir de 25 ans, qu’elles soient vaccinées ou non. Un frottis régulier permet de détecter des anomalies bien avant l’apparition de symptômes qui traduisent un cancer déjà souvent à un stade avancé, et donc plus difficile à guérir. Le frottis permet de détecter des lésions précancéreuses et cancéreuses du col et ainsi de soigner plus précocement ce cancer, voire d’éviter son apparition.
Faut-il mettre en place un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus ?
Avec cette campagne, les autorités sanitaires choisissent d’améliorer l’information et la sensibilisation des femmes. Mais d’autres experts comme le Dr Carcopino plaident en faveur d’une démarche plus volontariste. Pour ce gynécologue-obstétrique à l'hôpital Nord-CHU Marseille, le seul moyen de faire progresser le dépistage est de mettre en place un dépistage organisé, systématique, des femmes ciblées. L'Angleterre l'a instauré dès 1988, via son programme NHS Cervical Screening. Depuis, la fréquence du cancer du col de l'utérus a été divisée par près de deux, passant de 15 cas pour 100 000 femmes en 1986 à 8,7 cas pour 100 000 femmes en 2005, grâce à une couverture de près de 80 % des femmes cibles.
David Bême
Source : Communiqué de presse de l'Institut du cancer - Ministère de la santé - 7 janvier 2014