Dépression : l'arrêt du traitement médicamenteux
Dans la dépression, quelle est la durée des traitements médicamenteux ? Comment se passe l'arrêt de la prise d'antidépresseur ? Comment sait-on que l'on est guéri ? Toutes les réponses.
Comment sait-on que l'on peut arrêter les antidépresseurs ?
Pour le médecin, les critères de guérison les plus fréquemment utilisés sont la disparition des symptômes, la réinsertion professionnelle et la reprise des activités. Il existe, d'autre part, des critères concernant la qualité de la réinsertion familiale et l'opinion de l'entourage qui définissent aussi la guérison. Il y a, enfin, le vécu subjectif du patient. Mais bien sûr cela varie en fonction de chacun. Certains retrouvent entièrement leur état antérieur. Il existe un pourcentage de malades présentant des symptômes résiduels : troubles du sommeil, scepticisme, phobies, anxiété…. On observe enfin 10 % de dépressions dites résistantes.
Quand peut-on arrêter le traitement par antidépresseurs ?
Un traitement bien conduit amène le plus souvent la rémission des symptômes de la dépression au bout de deux mois. Il faut alors négocier avec le patient le maintien des doses et rester attentif à l'évolution. Une fois les symptômes disparus, le traitement médicamenteux devra être poursuivi entre 6 et 12 mois pour prévenir le risque de rechute. L’arrêt des antidépresseurs devra être progressif et accompagné par le médecin, en diminuant progressivement les doses pendant plusieurs semaines. Si, pendant cette période, les symptômes réapparaissent, il faut consulter immédiatement son médecin qui habituellement proposera de reprendre le traitement à la dose efficace.
Pourquoi certains traitements durent plus longtemps ?
L'inefficacité du traitement peut paradoxalement expliquer ces traitements plus longs. Celui-ci a pu être mal évalué, inadapté, à posologie insuffisante…. Dans certains cas, la crainte de la rechute, peut justifier une prolongation de la prescription au-delà des recommandations usuelles. Par ailleurs, il existe souvent une demande de "meilleures performances" ou d'un plus grand confort de la part des patients, qui hausse la barre de la guérison et donc la durée du traitement.
Existe-t-il des arrêts prématurés ?
L'analyse du suivi des patients, dans l'étude SOFRES 1997, montre une prédominance de traitements "courts" avec un taux d'arrêts prématurés (moins de 4 mois) de 61 %. On peut isoler plusieurs raison a cet arrêt précoce :
- Le sentiment d'incurabilité lié aux dépressions sévères ;
- Une amélioration perçue de l'état de santé jugée suffisante par le patient ;
- Les effets secondaires des médicaments ;
- La peur de devenir dépendant du médicament ;
- La baisse de qualité de l'adhésion aux recommandations du médecin au cours du temps ;
- L'insuffisance d'accompagnement médical ;
- La non-reconnaissance du besoin de cette thérapeutique par l'entourage.
D'autres sondages plus récents montrent la persistance de ces motifs d'arrêt précoce. Un travail d'information auprès des patients et des professionnels de santé est fait depuis plusieurs années.
Or il convient d'être vigilant à bien mener le traitement à son terme. La maladie dépressive est un des principaux facteurs de risque du suicide, sinon le plus important. Soigner de manière appropriée la dépression c'est, pour beaucoup, prévenir le suicide. L'arrêt prématuré du traitement, médicamenteux et psychothérapique comporte donc un risque de suicide. La prise en charge de qualité est ainsi primordiale.