Il a un nom à faire peur et pourtant, le glutathion serait notre meilleur ami. Ce super antioxydant endogène préviendrait du vieillissement cellulaire ainsi que du développement de nombreuses pathologies, notamment cardiovasculaires. Mais sa production diminue avec le temps. Il est alors possible de se supplémenter. Analyses et découvertes avec Sylvie Hampikian, expert pharmaco-toxicologue.
Les radicaux libres sont des substances produites par les polluants chimiques, les radiations UV, l’alimentation… Ils provoquent un stress oxydatif dans notre organisme, impliqué, à long terme, dans le développement de diverses affections : maladies cardiovasculaires, atteintes articulaires, mais aussi diabète, cancers… Pour contrecarrer leurs effets délétères sur notre santé, les antioxydants sont nos alliés.
Si certains nous sont apportés par l’alimentation, comme les polyphénols, les vitamines A, C et E, le zinc ou encore le sélénium, présents dans les fruits et légumes, les huiles végétales ou encore les fruits oléagineux, d’autres sont dits "endogènes", c’est-à-dire ils sont naturellement produits par notre organisme.
Parmi eux, le glutathion. "Cette molécule est un pseudopeptide, composée de trois acides aminés : la glycine, la cystéine et le glutamate. Il est naturellement produit et stocké par le foie, et se retrouve dans quasiment toutes les cellules de notre corps", explique Sylvie Hampikian.
Quel est son rôle ?
Le principal rôle du glutathion est d'être l’antioxydant intracellulaire le plus important de l’organisme. Il permet de lutter contre les effets des radicaux libres pourvoyeurs de maladies.
Le glutathion a aussi la capacité de stimuler d’autres processus de défense. Il agit comme cofacteur d’enzymes antioxydantes et favorise l’activité d’autres antioxydants. Par exemple, il participe à la transformation de la forme oxydée de l’acide ascorbique en vitamine C. Cela permet de stimuler son pouvoir antioxydant. Il participe aussi à restaurer l’action anti-oxydant de la vitamine E.
C'est ce qui lui permet de contribuer à la protection de l’organisme et nous maintenir en bonne santé.
Quels sont les autres bienfaits du glutathion ?
Le glutathion a aussi pour propriété d’être détoxifiant : il a pour fonction de neutraliser les agents toxiques et polluants (particules de pollution, métaux lourds, solvants, pesticides, résidus de médicaments…) en se liant aux toxines afin de les transformer en composés hydrosolubles qui seront ensuite plus facilement éliminés par les urines ou dans la bile.1
Le glutathion joue un rôle majeur dans la défense de l’organisme en participant à l’élimination de nombreux déchets et composés toxiques. Le glutathion permet donc de ne pas les accumuler et évite donc les réactions délétères.
Dans notre cerveau, le glutathion va par exemple être utilisé lors de l’évacuation du mercure hors des cellules. Le glutathion est donc utile lors intoxications aux métaux lourds, de prises de médicaments ou de substances comme le tabac, l'alcool, les drogues ou autre, voire en cas de maladies du foie.
Le glutathion joue aussi un rôle dans la prévention des maladies du système nerveux, notamment les maladies dégénératives et l'apparition de troubles mentaux, comme les démences ou la schizophrénie.
Enfin, le glutathion contribue à lutter contre le vieillissement prématuré. Il entre indirectement en cause dans la prévention de certaines pathologies ou de leurs complications, comme pour le cholestérol, le diabète, l'athérosclérose ou d'autres problèmes liés aux yeux comme la cataracte ou d'autres complications.
Les risques d'interaction
La vitamine C augmente l'absorption du glutathion et ses effets. Il est donc intéressant de l’associer avec le glutathion. Certains oligo-éléments peuvent venir renforcer son rôle protecteur, tels que la glutamine, le zinc, le cuivre, le manganèse, le fer et le sélénium. Pour limiter les pertes de glutathion, il est aussi conseillé d’avoir une bonne alimentation équilibrée et variée qui comprend toutes les familles d’aliments et d’avoir une activité physique régulière adaptée.
Pourquoi sommes-nous amenés à en manquer ?
L’âge est le premier facteur de risque : dès 45 ans, la production de glutathion décroît naturellement. "Les stocks peuvent également s'épuiser si le foie est trop sollicité notamment pour éliminer l'alcool ou des médicaments", précise Sylvie Hampikian. Enfin, la pratique intensive d’activités physiques et certaines maladies chroniques comme le diabète et les maladies de dégénérescence accentuent la perte de glutathion2.
En revanche, un mode de vie sain et la consommation régulière d’aliments riches en glutathion peut permettre de ralentir nettement la diminution du glutathion dans l’organisme.
Quelles conséquences sur notre santé ?
Le manque de glutathion est impliqué dans la survenue de maladies inflammatoires (arthrite)3, auto-immunes4(thyroïdites, pancréatites…) et chroniques (diabète, pathologies cardiovasculaires…). Sa diminution dans l’organisme serait également impliquée dans le développement de la cataracte5 et du glaucome, de l’hépatite, de la maladie d’Alzheimer et celle de Parkinson, certaines maladies psychiatriques (schizophrénie) ainsi que l’obésité6.
Où trouver le glutathion ?
Le glutathion ne se trouve pas directement dans l’alimentation. "Mais certains aliments apportent les précurseurs du glutathion (les 3 acides aminés qui le composent), qui seront ensuite libérés au cours de la digestion des protéines", explique Sylvie Hampikian.
C’est le cas des asperges, de l’avocat, des noix, des framboises, des champignons, des poissons et des viandes. Il y a aussi les épinards, les courgettes, les poivrons rouges et verts, les pommes de terre et des haricots verts. La betterave est aussi un excellent précurseur du glutathion, tout comme le raisin, la mangue ou les choux.
Par ailleurs, plus l’alimentation est riche en antioxydants et pauvre en aliments générateurs de radicaux libres (graisses trans notamment), plus le stock interne de glutathion sera préservé7.
NON aux régimes, OUI à WW !
Faut-il se supplémenter ?
Le glutathion existe sous forme injectable et liposomale, à prendre par voie orale en tant que gélules de compléments alimentaires. De nombreuses études se sont penchées sur l’efficacité de cet apport8,9. "Selon leurs résultats, la supplémentation quotidienne entre 500 et 1000 mg/jour en cet antioxydant permet d’en restaurer les stocks et de renforcer le système antioxydant du corps", rapporte notre experte.
La dernière analyse, réalisée en 2018, indique qu’après une semaine de supplémentation la concentration en glutathion avait augmenté de 40 % dans le sang, des augmentations accompagnées de réductions des biomarqueurs de stress oxydant. Des améliorations des marqueurs de la fonction immunitaire ont également été observées10.
Enfin, une étude a mis en évidence les bienfaits de la supplémentation de glutathion dans les atteintes cardiovasculaires : la supplémentation sublinguale apporte un coup de pouce dans la prévention des lésions vasculaires chez les patients atteints de facteurs de risques cardiovasculaires : diminution du cholestérol total et réduction de la rigidité artérielle11.
Pour augmenter ses réserves de glutathion, il est donc possible de faire une cure de glutathion liposomal, la forme la mieux assimilable par l’organisme. D’autres compléments alimentaires peuvent agir directement sur la synthèse de glutathion comme les compléments d'acide alpha-lipoïque à une dose de 100 à 200 mg par jour ou les compléments au chardon-marie.
Toutefois, avant de vous supplémenter, mieux vaut demander l’avis de votre médecin traitant.