Chlore - Chlorure
Le chlore est un gaz à l’état naturel. Son sel, le chlorure, est un oligo-élément présent dans les aliments et l’organisme sous forme de chlorure de sodium (sel). Découvrez le rôle de cet oligo-élément, ses apports nutritionnels recommandés, les risques de carences ou de surdosage ainsi que ses applications médicales.
Description du chlore
Le chlore (symbole Cl dans le tableau périodique des éléments) à proprement parler est un gaz qui n’existe pas à l’état libre dans la nature. En revanche, son sel, le chlorure, compte parmi les minéraux essentiels.
Au sein des aliments et de l’organisme, il se trouve principalement sous forme de chlorure de sodium ou sel. Le corps d’un homme de 70 kilos contient environ 8,4 g de chlorure1-2.
Rôles du chlorure dans l’organisme
Le chlorure est présent en faible proportion dans les cellules, mais abondant dans les liquides extra-cellulaires : liquide interstitiel situé entre les cellules et sang. Il constitue un facteur important pour équilibrer les quantités d’eau à l’intérieur et à l’extérieur des cellules. Il est impliqué dans la régulation du pH (niveau d’acidité) sanguin. Au niveau de l’estomac, il sert à fabriquer de l’acide chlorhydrique, constituant du suc gastrique (qui participe à la digestion des aliments)1-2.
Références nutritionnelles (apports nutritionnels conseillés)
Du fait que le chlorure est abondant dans l’alimentation sous forme de chlorure de sodium (sel), les scientifiques considèrent que sa consommation excède les besoins.
Ni l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ni l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) n’a déterminé de références nutritionnelles. En revanche, aux Etats-Unis, l’Institut de Médecine (US Institute of Medicine ou IOM) a fixé en 2004 des apports adéquats en chlorure3.
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Apport adéquat en chlorure en mg par jour (3) |
Enfants de 0 à 6 mois |
180 |
Enfants de 7 à 12 mois |
570 |
Enfant de 1 à 3 ans |
1500 |
Enfants de 4 à 8 ans |
1900 |
Enfants de plus de 8 ans et adolescents |
2300 |
Adultes de moins de 50 ans |
2300 |
Femmes enceintes ou allaitantes |
2300 |
Adultes de 51 à 70 ans |
2000 |
Adultes de plus de 70 ans |
1800 |
A savoir :
Les sportifs d’endurance et les travailleurs de force exposés à la chaleur ont un besoin supérieur en chlorure et en sodium, compte-tenu de pertes importantes dans la sueur. Il est recommandé aux sportifs de s’hydrater avec une boisson comportant 1200 mg de chlorure de sodium par litre(1).
Sources alimentaires de chlorure
Le chlorure est naturellement présent en faible quantité dans la plupart des aliments (fruits, légumes, viandes, poissons, œufs…), sous forme de chlorure de sodium ou de potassium. Mais, les produits qui en fournissent le plus sont ceux qui sont salés, c’est-à-dire additionnés de chlorure de sodium : aliments en saumure, charcuteries, fromages, sauces, pains…
1 g (1 000 mg) de sel correspond à 600 mg de chlorure et 400 mg de sodium.
Les sels dits de régime ou allégés en sodium sont principalement composés de chlorure de potassium.
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Teneur en chlorure en mg pour 100 g d’aliment (4) |
Sel |
60800 |
Bouillon de bœuf déshydraté |
27900 |
Anchois à l’huile |
6090 |
Olive noire à l’huile |
4610 |
Jambon cru ou jambon sec |
3210 à 3280 |
Saucisson sec |
3000 |
Roquefort |
2600 |
Viande des grisons |
2310 |
Saumon fumé |
2000 |
Sauce pesto du commerce |
1850 |
Parmesan |
1820 |
Ketchup |
1810 |
Crevette cuite |
1510 |
Biscuit apéritif (moyenne) |
1420 |
Jambon cuit |
1330 |
Pain de seigle |
1050 |
A titre d’exemple :
100 g de pain de seigle (5 tranches fines) + 25 g de Roquefort (1 portion individuelle) + 1 g de sel (le contenu d’un petit sachet de sel) = 100 % de l’apport adéquat pour un adulte.
Indications médicales du chlorure
Correction d’une déshydratation ou d’une hypovolémie (volume sanguin insuffisant) +++
Selon le niveau de gravité, du chlorure de sodium peut être prescrit par voie orale ou sous forme de perfusion, souvent associé à du chlorure de potassium ou de calcium1-5.
Les solutés de réhydratation orale, classiquement prescrits aux bébés en cas de déshydratation, contiennent du chlorure de sodium et de potassium, ainsi que du glucose (sucre) et un agent alcalinisant (bicarbonate par exemple)6.
Correction de l’insuffisance lacrymale + +
Utilisé par voie ophtalmique, le chlorure de sodium a une action hydratante : il est prescrit en guise de larmes artificielles5.
Correction des hyposialies + +
Le chlorure de sodium peut être prescrit sous forme buccale pulvérisable afin de pallier une insuffisance de sécrétion salivaire5.
Risques de sous-dosage et de surdosage en chlorure
Les risques en cas de carence
La quantité de chlorure habituellement consommée dépassant largement les besoins, le risque de carence est très faible. Il existe cependant, en cas de vomissements prolongés entraînant une déperdition d’acide chlorhydrique, avec pour conséquences des crampes et une fatigue importante1.
Les risques en cas d’excès
- L’effet du sodium sur l’augmentation de la tension artérielle n’intervient qu’en cas d’apport simultané en chlorure, autrement dit sous forme de sel. Apporté sous d’autres formes, par exemple du bicarbonate de sodium, il ne semble pas avoir d’impact sur la pression artérielle. Il en est de même du chlorure s’il n’est pas associé à du sodium, notamment consommé sous forme de chlorure de potassium. L’augmentation de la tension artérielle semble proportionnelle à l’apport de chlorure de sodium. Elle dépend toutefois de la sensibilité de chacun, plus importante chez les personnes âgées, diabétiques ou obèses2.
- Le chlorure n’est pas cancérigène. Mais, l’excès de chlorure de sodium (sel) augmente le risque de cancer de l’estomac, en irritant la muqueuse gastrique et en facilitant la colonisation par Helicobacter Pylori (germe en cause dans les ulcères de l’estomac)2-7.
- Des apports élevés de chlorure de potassium, sous forme de substitut du sel ("sel de régime") ou de compléments, peuvent être à l’origine de symptômes gastro-intestinaux, d’un simple inconfort à une ulcération de la muqueuse digestive. Toutefois, les chercheurs ne savent pas si ces effets doivent être attribués à l’excès de chlorure ou à celui de potassium2.
En 2005, l’Efsa a considéré qu’il n’existait pas suffisamment de données pour fixer une dose maximale tolérable de chlorure2.
En revanche, différentes agences de sécurité sanitaire dans le monde recommandent un apport maximal de chlorure de sodium (sel) à ne pas dépasser, en vue de prévenir l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires qui en découlent.
L’Efsa préconise un apport maximal de 6 g de sel (soit 3 600 mg de chlorure) par jour, tandis que l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) fixe un objectif de 5 g de sel (soit 3 000 mg de chlorure) maximum8.
Dans le cadre du troisième Programme National Nutrition Santé, à partir de 2011, l’Anses a recommandé un apport maximal de 8 g de sel (soit 4 800 mg de sodium) pour les hommes, 6,5 g de sel (soit 3 900 mg de chlorure) pour les femmes et les enfants9.
Enfin, selon l’étude "PURE" publiée en 2014 (menée pendant 4 ans sur 110 000 personnes dans 17 pays), un apport de sel inférieur à 3 g (soit 1 800 mg de chlorure) par jour apparaît préjudiciable à la santé, augmentant (comparé à un apport compris entre 3 et 6 g par jour) le risque de mortalité globale et paradoxalement de mortalité cardio-vasculaire10.
Interactions
En cas de traitement à base de lithium :
- Un régime sans sel (chlorure de sodium) strict diminue l’élimination rénale du lithium et induit un risque de surdosage.
- A l’inverse, un apport excessif de chlorure de sodium augmente les pertes urinaires de lithium et réduit l’efficacité du traitement11.