Luxation de la rotule : que faire ?

Publié le  , mis à jour le 
en collaboration avec Anthony Wajsfisz (Chirurgien orthopédiste et traumatologue)

Une luxation de la rotule peut survenir sous l’effet d’un traumatisme ou en raison de particularités anatomiques spécifiques. Que faire en cas de luxation de la rotule ? Les explications du Dr Anthony Wajsfisz, chirurgien orthopédique à Paris.

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Egalement appelée "patella", la rotule est un os situé devant le genou, pris entre deux tendons, le tendon rotulien qui rattache la rotule au tibia, et le tendon quadricipital qui rattache la rotule au muscle du quadriceps, l’ensemble de ce muscle formant l’appareil extenseur. La rotule est un peu comme une poulie de réflexion de ces deux tendons posée dans une cupule, la trochlée fémorale. "A différentes occasions, la rotule peut sortir de la trochlée fémorale et se luxer, c’est-à-dire sortir de sa cupule vers le côté externe du genou", souligne le Dr Anthony Wajsfisz, chirurgien orthopédique à Paris.

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Définie par une perte de contact entre deux os, une luxation ne doit pas être confondue avec une rupture ligamentaire ou une fracture. De même, la luxation de la rotule ne doit pas être confondue avec une luxation du genou, qui réunit trois os (la rotule, le fémur et le tibia). Si la luxation de la rotule se définit comme une perte de contact entre le fémur et la rotule, la luxation du genou correspond à une perte de contact entre le fémur et le tibia. "Une luxation du genou est donc souvent un abus de langage et correspond à une situation médicale différente", ajoute le Dr Anthony Wajsfisz.

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Par ailleurs, certaines personnes peuvent être persuadées d’avoir une luxation interne de la rotule. Sur un plan anatomique, c’est impossible : la luxation de la rotule se traduit toujours par un déboîtement de l'os vers l’extérieur du genou.

Dysplasie fémoro-patellaire ou choc traumatique

Comparée à d’autres problématiques articulaires, comme la rupture des ligaments croisés, par exemple, la luxation de la rotule est beaucoup plus rare.

On distingue deux types de luxation rotulienne :

  • D’une part, celles qui sont favorisées par des malformations anatomiques ou des dysplasies, augmentant le risque d’une instabilité rotulienne. "Une trochlée fémorale plate peut favoriser le départ de la rotule, tout comme une rotule trop haute ou mal soutenue par les ligaments", précise le spécialiste. Une hyperlaxité ligamentaire peut aussi jouer un rôle. Chez ces personnes, un premier épisode de luxation peut intervenir assez tôt, parfois dès l’enfance, et aura tendance à récidiver en l’absence d’une prise en charge adaptée.
  • Les autres cas de luxation de la rotule sont causés par un choc ou un traumatisme, notamment en lien avec la pratique sportive. "Les sports qui favorisent les pivots, les torsions, les twist, comme la danse ou le tennis, vont favoriser la survenue d’une luxation chez les personnes ayant des prédispositions anatomiques", explique le médecin. Toutefois, la plupart des luxations rotuliennes habituelles se produisent à l’occasion de gestes issus de la vie quotidienne : en sortant simplement d’une voiture ou lors de la descente d’un lit trop élevé, chez les enfants, par exemple.
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Douleur et gonflement du genou

Une luxation de la rotule ne passe pas inaperçue car elle se manifeste par une déformation du genou associée à une douleur intense parfois syncopale. Elle s’accompagne généralement d’une rupture du ligament fémoro-patellaire interne, ce qui occasionne un gonflement du genou (hémarthrose) et un saignement. La marche, voire la station debout sont dès lors impossibles.

Il arrive que l’os se remette en place tout seul. Dans d’autres occasions, certaines personnes parviennent seules à remettre en place l’os déboité dans la trochlée fémorale. A défaut, ce sont les services d’urgence (pompiers, médecins hospitaliers) qui s’en chargent. "Si elle est rare, une lésion de passage, c’est-à-dire l’arrachage d’un morceau de cartilage lors de la réduction de la rotule, peut se produire. C’est quelque chose qu’il faut nécessairement dépister", ajoute le chirurgien orthopédique. Pour diagnostiquer une luxation rotulienne remise en place, l’IRM reste l’examen de référence.

Une fois l’urgence gérée, le genou doit être immobilisé dans une attelle pendant six semaines environ, le temps que les tissus mous se cicatrisent. Ensuite, des séances de kinésithérapie sont programmées pendant quelques semaines, voire quelques mois. "L’objectif est de redonner de la mobilité au genou ainsi que du volume au niveau du quadriceps", explique le chirurgien. Par la suite, le port d’une genouillère est vivement recommandé au moment de la reprise de l’activité sportive au bout de quelques semaines, lorsque la personne pourra reprendre ses activités habituelles.

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Différentes interventions chirurgicales possibles

Lorsque les épisodes de luxation de la rotule ont tendance à se répéter, la prise en charge est différente. Après un premier épisode, le temps d’immobilisation est généralement plus court. Toutefois, des épisodes de luxation répétées finissent par user la rotule et risquent d'abîmer le cartilage. Chez des sujets jeunes présentant des dysplasies, une intervention chirurgicale peut alors être envisagée. "Je programme un bilan radiographique, une IRM et un scanner. Une fois le bilan établi, je propose un traitement chirurgical “à la carte”, en fonction des anomalies structurelles repérées", poursuit le chirurgien. Les radios permettent d’examiner la forme du genou et de la trochlée ainsi que la hauteur de la rotule, tandis que le scanner rend compte des rotations osseuses.. Enfin, l’IRM aide à établir un bilan cartilagineux et à confirmer le diagnostic de luxation rotulienne.

Concrètement, sur le plan chirurgical, il peut s’agir d’abaisser une rotule trop haute, ou encore de médialiser celle-ci, c’est-à-dire la ramener à l’intérieur du genou en cas d’implantation trop latérale. Le chirurgien agit sur l’attache du tendon de la rotule sur le tibia. C’est ce qu’on appelle une transposition de la Tubérosité Tibiale Antérieure (TTA). "Il peut également s’agir de reconstruire le ligament fémuro-patellaire médial qui s’est déchiré lors de la luxation, ou encore de creuser la trochlée fémorale lorsque celle-ci est trop bombée (trochléoplastie)", ajoute le chirurgien.. Ce type d’intervention se déroule sous anesthésie générale ou rachianesthésie et peut être proposée en ambulatoire (hospitalisation d’un journée). Si la chirurgie donne de bons résultats, la plupart de ces gestes ne peuvent être réalisés sous arthroscopie et laissent des séquelles cicatricielles.

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Sources
  • Entretien avec le Dr Anthony Wajsfisz, chirurgien orthopédique à Paris
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