Magnésium : quels risques en cas de surdosage ?
Oligo-élément essentiel au bon fonctionnement de l’organisme, le magnésium est souvent pris en complément sans avis médical et sans que l’on sache si le patient souffre réellement d’une carence. Existe-t-il un risque de surdosage ? Quels peuvent être les effets secondaires d’une prise excessive ? Le point avec Manon Pieyre, interne en pharmacie hospitalière au sein de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris.
Où trouver du magnésium ?
La première source d’apport en magnésium demeure notre alimentation. "D’une manière générale, on constate que les produits à base de farine de blé entier (pain au froment, pain au noix), les crudités (haricot vert, blette), les noix (noix de cajou, amande) et le chocolat noir sont riches en magnésium, de même que certaines eaux minérales (Eptinger, Contrex)", rapporte la pharmacienne.
Elle ajoute cependant que l’alimentation moderne s’avère souvent trop riche en produits céréaliers et pauvre en végétaux. Un apport alimentaire insuffisant donc, associé à un mode de vie induisant une surconsommation des réserves (stress, activité physique intense, etc.), qui peut mener à une carence. En moyenne, un apport journalier de 350 mg de magnésium est recommandé.
Les apports en magnésium peuvent être aussi sous la forme de compléments. Il existe 3 familles de sels de magnésium :
- Les sels inorganiques (chlorure de magnésium ou oxyde de magnésium) ;
- Les sels organiques (citrate, lactate) ;
- Les complexes organiques solubles (glycérophosphate de magnésium).
Ces sels ont une teneur en magnésium élémentaire qui varie considérablement. De plus, le magnésium que renferment ces sels est plus ou moins assimilable par l’organisme (selon la biodisponibilité et la solubilité).
Il faut aussi savoir qu’il existe du magnésium "caché" parfois en quantité importante dans certains médicaments : "C’est le cas de certains laxatifs ou anti-acides", précise Manon Pieyre. Il convient donc d’être attentif lors de la prise simultanée de certains laxatifs ou anti-acides oraux et lors de lavements, provoquant alors une surcharge intestinale de magnésium.
Magnésium : les risques de surdosage
Définition du surdosage de magnésium
"Un surdosage est lié à la quantité élevée de magnésium dans le sang, il s’agit par définition d’une hypermagnésémie. Ces risques de surdosage restent extrêmement rares", explique notre experte.
Un surdosage correspond à une concentration sanguine supérieure à 1,1 mmol/L chez un sujet sain. En cas d’utilisation thérapeutique, on parle de surdosage au-delà de 2,5 mmol/L de magnésium.
Quelques études ont évalué les effets d’un tel surdosage. L’une d’entre elles a démontré que "6 volontaires ayant ingéré 3 fois la dose recommandée avaient résorbé tout le magnésium en 4 heures, sans induire d’hypermagnésémie", rapporte la pharmacienne. Donc une résorption très rapide.
Une autre étude a montré "qu’une quantité ingérée de magnésium d’environ 8 000 mg par jour à doses répétées induit en moyenne des concentrations entre 2 et 2,5 mmol/L, pouvant être associées à effets secondaires".
Effets secondaires du surdosage de magnésium
De manière générale, les troubles observés en cas de surdosage sont très rares. Il peut s’agir :
- De diarrhées (certains sels de magnésium, comme le chlorure de magnésium, ayant un effet plus laxatif) ;
- De vomissements ;
- D’hypotension (essentiellement par un effet vasodilatateur) ;
- D’une faiblesse musculaire et des difficultés respiratoires (en cas de surdosage très important) ;
- D’une apnée du sommeil, de troubles de conduction cardiaque, d’une paralysie voire d’un coma dans des cas très extrêmes.
Magnésium et insuffisance rénale
L’élimination du magnésium se fait exclusivement par voie urinaire. De ce fait, "l’insuffisance rénale sévère est une contre-indication à la supplémentation en magnésium et nécessite donc l’avis d’un médecin ou pharmacien", avance l’interne. Bien entendu, il ne s’agit pas de supprimer l’apport alimentaire en magnésium chez de tels patients.
Même si les cas de surdosage de magnésium restent très rares, un avis médical ou pharmaceutique est fortement conseillé avant toute supplémentation. D’après la Haute autorité de santé (HAS), en dehors des carences avérées d’origine digestive ou rénale, il n’y a pas lieu de prescrire du magnésium. Une alimentation équilibrée demeure la première des recommandations.
NON aux régimes, OUI à WW !
Symptômes du manque de magnésium
Une carence en magnésium s’installe en général au long cours. En effet, "il existe une régulation fine du magnésium dans l’organisme avec des réserves mobilisables notamment au niveau osseux (60-65 %), des muscles et tissus mous (33 à 34 %), et un équilibre entre les entrées et les sorties", nous explique Manon Pieyre.
De ce fait, rechercher une carence en magnésium via une prise de sang est peu révélateur, puisque les concentrations sanguines ne reflètent qu’1 % du magnésium total présent dans le corps. Ainsi, un dosage normal ne peut exclure une déplétion. "On estime que les valeurs normales pour un individu en bonne santé se situent entre 0,7 à 1,05 mmol/L", précise l’interne en pharmacie.
Les premiers signes cliniques évocateurs d’une carence en magnésium peuvent être une fatigue, une irritabilité, des troubles du sommeil, des crampes, une nervosité… "Le médecin ou le pharmacien pourront alors recommander une supplémentation en magnésium sans dosage préalable, en se basant sur ces signes", affirme notre experte.