La France rattrapée par le surpoids
On a longtemps cru que la France restait en partie épargnée par la vague d'obésité. Tradition culinaire et autres exceptions culturelles auraient suffi à retenir l'obésité à nos frontières, aussi sûrement que le nuage de Tchernobyl... Mais une nouvelle enquête nationale confirme l'évolution préoccupante du surpoids qui touche deux hommes sur trois et une femme sur deux.
L'étude Mona Lisa (pour Monitoring National du Risque Artériel) a été menée dans trois régions françaises pour évaluer les facteurs de risque cardiovasculaire : obésité, diabète, cholestérol, tabac et hypertension. Pilotée par des structures de recherche publique avec le soutien des laboratoires Pfizer, cette enquête s'est déroulée de 2005 à 2007, incluant près de 4 800 personnes âgées de 35 à 74 ans. Les résultats ont pu être comparés à ceux de l'enquête Monica, réalisée de 1995 à 1997 sur des thèmes similaires. Et les résultats son inquiétants à plus d'un titre.
La France en surpoids Et oui, la France ne fait officiellement plus partie des bons élèves face au surpoids. Entre 35 et 74 ans, deux hommes sur trois (67,1 %) et une femme sur deux (50 %) sont en surpoids (caractérisé par un indice de masse corporelle supérieur à 25). Plus inquiétant encore, un Français sur 5 (20,6 % pour les hommes et 20,8 % pour les femmes) présente une obésité (un surpoids caractérisé par un indice de masse corporelle supérieur à 30). Le risque de surpoids augmente avec l'âge (de 54 % pour les 35-44 ans à 77 % pour les 65-74 ans chez l'homme et de 31 à 67 % respectivement chez la femme). On constate également une plus faible présence de surpoids dans le sud-est de la France (62 % à Toulouse contre 88 % à Lille chez les hommes et 42% contre 54% chez les femmes). Comparées aux données de l'étude Obépi, habituellement utilisées, les chiffres correspondant au sexe et à chaque classe d'âge de MONA LISA sont supérieurs de 30 % ! On aurait donc jusqu'alors largement sous-estimé l'obésité et la surcharge pondérale en France.
Diabète, hypertension, cholestérol, tabagisme Parmi les autres facteurs de risque cardiovasculaires étudiés, les tendances ne sont pas toujours à l'optimisme.
Diabète - On constate là encore des disparités régionales : 9,6 % des patients sont diabétiques dans la région de Lille contre 7 % à Toulouse. De plus, trop de diabétiques sont encore déséquilibrés : près de 40 % d'entre eux ont une glycémie hors-norme malgré leur traitement.
Dyslipidémie - Malgré des risques cardiovasculaires établis (antécédents de maladies cardiovasculaires, diabète...), les patients à haut risque cardiovasculaire voient leurs dyslipidémies (cholestérol et triglycérides principalement) mal prise en charge. Résultat : traités ou non traités, moins d'un patient sur 5 atteint l'objectif fixé par les autorités sanitaires (LDL Cholestérol inférieur à 1 G/L).
Tabagisme - Plus optimistes, les résultats concernant le tabagisme confirme la diminution de ce fléau... en particulier chez les hommes. Seul bémol : Les femmes qui fument actuellement n'abandonnent pas le tabagisme vers la quarantaine comme elles le faisaient 10 ans plus tôt.
Hypertension - Autre bonne nouvelle, l'hypertension artérielle recule. On observe 45 % d'hommes et 30 % de femmes hypertendus. Parmi les personnes traitées pour ce problème, le nombre de patients réussissant à contrôler leur tension est passée en une décennie de 18 % à 26 % chez les hommes, et de 30 % à 44 % chez les femmes. Malgré cette amélioration, 2 femmes sur 3 et 3 hommes sur 4 traités n'atteignent pas les valeurs cibles 140/90 mm HG. Luc Blanchot
Source : Dossier de presse juin 2008 - Etude Mona Lisa conduite par l'Institut Pasteur de Lille, l'Université Louis Pasteur de Strasbourg et l'Inserm de Toulouse