La cétone de framboise : un actif minceur miracle ?
Nouvel actif minceur présent dans de nombreux compléments alimentaires, la cétone de framboise est présentée comme un super brûle-graisses, qui stimule le métabolisme et coupe la faim. Qu’en est-il vraiment ? Le point sur ce nouvel ingrédient.
Après le thé vert, le café vert, le konjac et bien d’autres, la cétone de framboise est présentée comme un actif minceur prometteur. Très à la mode aux Etats-Unis, la "raspberry ketone" compte déjà parmi les ingrédients de plusieurs compléments alimentaires commercialisés en France.
Qu’est-ce que la cétone de framboise ?
La cétone de framboise est un composé phénolique aux vertus anti-oxydantes, qui donne son odeur caractéristique à ce petit fruit rouge. Elle sert d’ailleurs à aromatiser divers aliments : bonbons, glaces ou boissons rafraîchissantes. Parfois extraite du fruit à cet usage, elle peut aussi être synthétisée de façon chimique.
Cétone de framboise : des vertus amincissantes observées en laboratoire
La cétone de framboise a une structure chimique très proche de celle de la capsaïsine (présente dans le piment), réputée réduire la faim et augmenter (modestement) les dépenses énergétiques de l’organisme dans les heures qui suivent son ingestion. Testée chez la souris ou le rat, dans plusieurs études, elle facilite le "déstockage" des graisses.
Etudes chez les souris
En 2005, des chercheurs japonais ont publié une première étude portant sur des souris nourries avec un régime hyper-gras et supplémentées ou non en cétone de framboise (RK). Celles qui ont reçu la RK n’ont pas pris de poids et leur foie n’a pas engraissé. Il semble que la RK stimule la production de noradrénaline (ou norépinéphrine), une hormone qui favorise la libération des réserves de graisses dans les cellules adipeuses1.
En avril 2016, des chercheurs américains ont présenté lors d’une conférence à San Diego de nouveaux travaux. Des souris soumises à un régime gras cafétéria (à volonté) pendant 10 semaines, ayant reçu du jus de framboise concentré ou de la purée de framboise ou de la poudre de framboise ou de la cétone de framboise, ont moins grossi et ont conservé une insuline efficace pour réguler leur glycémie (taux de sucre sanguin)2.
Etudes chez les rats
En 2012, des chercheurs ont testé sur des rats un régime très riche en lipides, couplé à un supplément de RK. Là encore, ces chercheurs chinois voulaient voir si la RK allait protéger le foie d’une hépatite en lien avec la surcharge de graisses. Conclusion : la RK semble stimuler la libération de leptine, une hormone qui réduit l’appétit, empêche les cellules adipeuses de stocker des graisses et les oblige même à puiser dans leurs réserves. En outre, la RK a diminué la résistance des cellules du foie à l’insuline (résistance induite quand le foie est surchargé de graisses), ce qui peut laisser envisager une possible protection contre le diabète et le syndrome métabolique3.
Etudes sur des cellules humaines
En 2015, des chercheurs coréens, qui avaient déjà travaillé sur des souris, ont cette fois, traité en laboratoire des adipocytes (cellules graisseuses) humaines avec de la RK à différentes doses. Ils ont à nouveau observé que la cétone de framboise empêche les graisses de s’accumuler dans les adipocytes et favorise la lipolyse (destruction de la graisse) en modulant l’expression de certains gènes4.
Efficacité de la cétone de framboise : peu de résultats chez l’humain
Si les travaux de laboratoire sont prometteurs, rien n’est encore démontré sur l’homme, ou presque.
Un laboratoire qui commence à incorporer du Beriketon®, un extrait de framboise titré en cétone, dans ses compléments alimentaires minceur, met en avant une étude clinique menée par l’Université de Tokyo pendant 4 semaines sur 20 volontaires. Parmi ces derniers, ceux qui ont reçu le Beriketon® ont déclaré avoir nettement moins faim, comparés à ceux qui ont reçu un placebo. Ils ont perdu 2,5 kilos.
Une autre étude clinique a été effectuée pour valider l’intérêt d’un complément alimentaire comportant de la cétone de framboise, mais également de la caféine, du gingembre, de la capsaïcine (constituant du piment), des extraits de poivre et d’ail. Pour cette étude, 45 personnes obèses ont suivi pendant 8 semaines un régime modérément restrictif à 1 800 kcal, ont fait de l’exercice et ont pris le complément alimentaire testé ou un placebo. Celles qui ont reçu le complément alimentaire ont perdu davantage de masse grasse et ont vu leur tour de taille diminuer légèrement plus. Ce complément alimentaire comportant plusieurs ingrédients, il est impossible de conclure à un effet favorable de la cétone de framboise seule5.
Des travaux à mener sur la cétone de framboise pour démontrer l’absence de toxicité
La cétone de framboise n’a aucune raison d’être toxique… consommée sous forme de framboises. Une petite barquette de 125 g en apporte environ 0,54 mg. Mais les framboises elles-mêmes n’aident pas à mincir ! Et pour cause, pour obtenir un effet minceur, il faudrait selon les laboratoires consommer chaque jour entre 100 et 1 400 mg de cétone de framboise, soit l’équivalent de 23 à 325 kilos de framboises.
Des chercheurs danois pointent le peu d’études s’intéressant à la toxicité de la cétone de framboise à ces doses élevées. Des travaux recherchant des effets aigus ou chroniques chez le rat suggèrent un impact potentiel sur la reproduction et peut-être des effets cardio-toxiques, liés à la production accrue de noradrénaline, qui augmente la tension artérielle et la fréquence cardiaque6.
En Angleterre, la cétone de framboise est pour le moment considérée comme une "novel food", c’est-à-dire un ingrédient dont la consommation usuelle est négligeable, qui nécessite des études prouvant son innocuité avant d’obtenir une autorisation de commercialisation.
En France, la cétone de framboise est déjà présente dans de nombreux compléments alimentaires, seule ou associée à d’autres actifs minceur. D’un point de vue règlementaire, les compléments alimentaires sont assimilés à des aliments et ne nécessitent pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM), comme c’est le cas pour les médicaments. Les fabricants doivent seulement déclarer la formulation de chacun de leurs produits auprès de la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), qui est en mesure d’effectuer des contrôles a posteriori.
Tous les compléments alimentaires ne sont toutefois pas anodins. C’est pourquoi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a mis en place depuis 2009 un dispositif de Nutrivigilance, permettant aux consommateurs ou aux professionnels de santé de déclarer tout effet indésirable attribué à la prise d’un complément alimentaire7.
Nous manquons pour l’heure d’études démontrant les effets amincissants et l’innocuité de la cétone de framboise chez l’homme. Si toutefois vous avez envie de la tester, optez pour un complément alimentaire alliant plusieurs actifs minceur courants (thé vert, konjac…), dans lequel elle sera moins concentrée, et de marque bien connue en France. Limitez-vous à la posologie et à la durée de cure indiquées. Et n’oubliez pas que les compléments alimentaires ne se substituent pas à une hygiène de vie saine et à une alimentation équilibrée.